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  • Nuno Júdice | Semiología



    SEMIOLOGÍA




    Digo: el amor. Hay palabras que parecen sólidas,
    al contrario de otras que se deshacen entre los dedos.
    Soledad. O también: miedo. Las palabras, podemos
    escogerlas, meterlas dentro del poema como
    si fuese una caja. Pero no esconderlas. Ellas
    quedan en el aire, invisibles, como si no necesitasen
    de los sonidos con los que las decimos.

    Ahora, el efecto de las palabras. Su rotación
    en la cabeza, y por las arterias, hasta el centro:
    el corazón. Otra palabra con que se dice: el
    amor. Pero no hablo de sinónimos; además,
    hay palabras que esconden lo contrario de lo que
    quieren decir, y solo las conoce quien ama, si
    la vida no lo llevó por caminos confusos.

    Te amo. También podría decir: la soledad
    con que te amo, o el miedo a amarte. A partir
    de una palabra todo se puede hacer, en una página,
    cuando lo que está en ella es un poema. Mientras,
    esas palabras me conducen a ti, esto es,
    te hacen vivir por dentro de ellas. Por eso
    todo se confunde: el amor, la soledad, el miedo,

    y hasta la vida, que también es una palabra.



    Nuno Júdice, o movimento do mundo, Quetzal Editores, 1996.






    SÉMIOLOGIE




    Je dis : l’amour. Certains mots semblent solides,
    lorsque d’autres sont friables entre les doigts.
    Solitude. Ou encore : peur. On peut choisir ses mots,
    les faire entrer dans les poèmes comme
    dans une boîte. Mais pas les cacher. Ils
    restent dans l’air, invisibles, comme s’ils passaient
    des sons avec lesquels nous les prononçons.

    Voyons maintenant leur effet. Comment les mots
    tournent dans la tête, les artères, jusqu’au centre
    le cœur. Cet autre mot par lequel on dit : l’amour.
    Mais laissons les synonymes ; du reste,
    certains mots masquent le contraire de ce qu’ils
    signifient, et seul l’amant les connaît, si la vie
    ne l’a pas égaré sur des chemins qui ne mènent nulle part.

    Je t’aime. Je pourrai aussi bien dire : la solitude
    avec laquelle je t’aime, ou la peur de t’aimer. En partant
    d’un seul mot tout devient possible sur une page,
    lorsqu’il s’avère qu’elle porte un poème. Pourtant,
    c’est à toi que ces mots me conduisent, car
    ils te font vivre en eux. C’est pourquoi
    tout se confond : l’amour et la solitude et la peur,

    et la vie même, qui elle aussi est un mot.



    Nuno Júdice, Le Nom de l’amour, anthologie (1975-2015) composée par Manuela Júdice [Tu, a quem chamo amor, Ediciones Hiperión, 2008], La Nouvelle Escampette éditions, Collection Poésie, 2018, page 17. Traduction du portugais par Max de Carvalho.






    Nuno Judice  Le Nom de l'amour





    NUNO JÚDICE


    Nuno_judice1
    Source




    ■ Nuno Júdice
    sur Terres de femmes

    Désir (poème extrait de Geometria Variável)
    Lisboaxaca (poème extrait de Guia de Conceitos Básicos)
    Deus (poème extrait de Meditação sobre Ruínas)
    Un thé dans la véranda (poème extrait de Naviguer à vue)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur BiblioMonde)
    une notice bio-bibliographique sur Nuno Júdice
    → (sur La Pierre et le Sel)
    une page sur Nuno Júdice
    → (sur lepetitjournal.com)
    un portrait de Nuno Júdice
    → (sur le site de la Fondation Calouste Gulbenkian)
    une bio-bibliographie (en portugais) de Nuno Júdice
    → (sur Lyrikline)
    plusieurs poèmes de Nuno Júdice dits par l’auteur
    → (sur Recours au Poème)
    cinq poèmes de Nuno Júdice traduits du portugais par Béatrice Bonneville et Yves Humann



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  • Pierre Maubé | [tes jours défilent sous tes yeux]



    [TES JOURS DÉFILENT SOUS TES YEUX]




    tes jours défilent sous tes yeux
    comme les scarabées de l’ancienne Égypte
    processionnaient dans le désert
    avant que le Nil déborde et les emporte
    ton dernier souffle rejoint ton premier souffle
    ton dernier râle fait écho
    à ton premier vagissement
    la sueur qui naît sous tes cheveux
    vient huiler ton regard le ronger jusqu’à l’âme



    Pierre Maubé, Psaume des mousses (tu, sa vie, son œuvre), Éclats d’encre, 2007, page 19.



    PIERRE MAUBÉ


    Pierre Maubé





    ■ Pierre Maubé
    sur Terres de femmes


    Kaddish pour Rose




    ■ Voir aussi ▼

    Poésie maintenant, blog de Pierre Maubé







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