Étiquette : Valérie Brantôme


  • Martino Baldi | [Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard]




    JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]
    Image, G.AdC








    [D’AVERLO UCCISO L’HO CAPITO TARDI]




    D’averlo ucciso l’ho capito tardi.
    È stato necessario qualche giorno
    per notare l’assenza e interrogarsi
    sulla questione, trovare le risposte,
    stendere il regesto, denunciare il fatto.
    Non l’ho ucciso per caso: questo sia chiaro.
    Il colpo era premeditato nei particolari.
    Restava da decidere il momento giusto.
    L’ho ucciso perché non mi ha lasciato
    nient’altro da ammazzare: morti i suoi padri
    i suoi nonni e anche gli zii. I suoi fratelli:
    morti. Tutti prima che generasse me.
    E a cosa serve un uomo se non può
    esercitare il suo diritto a uccidere?
    Così ho deciso: prima o poi
    sarebbe morto da solo, tanto valeva
    farlo con le mie mani,
    per innestare in una vita grigia
    almeno un mito. Quello del parricida.







    [JE L’AI TUÉ, JE NE L’AI COMPRIS QUE PLUS TARD]




    Je l’ai tué, je ne l’ai compris que plus tard.
    Il m’a fallu quelques jours
    pour remarquer l’absence et m’interroger
    sur la question, trouver des réponses,
    dérouler le regeste, dénoncer le fait.
    Je ne l’ai pas tué par hasard : que ce soit clair.
    Le coup était prémédité dans tous ses détails.
    Il restait à choisir le bon moment.
    Je l’ai tué parce qu’il ne m’a rien laissé
    d’autre à assassiner : morts, ses pères,
    ses grands-pères et même ses oncles. Ses frères :
    morts. Tous, avant qu’il ne m’engendre moi.
    À quoi sert un homme s’il ne peut
    exercer son droit de tuer ?
    J’ai donc décidé : tôt ou tard
    il serait mort de lui-même, alors autant
    le faire de mes mains,
    pour au moins greffer un mythe
    dans le gris d’une vie. Celui du parricide.




    Martino Baldi, Capitoli della commedia [Edizioni Atelier, 2006,
    Collana Parsifal, « Puro e folle » – n°14] | Chapitres de la comédie, in Revue Phœnix (n°12 – décembre 2013. Numéro spécial Prix Léon-Gabriel Gros), pp. 22-23. Traduit de l’italien par Valérie Brantôme.







    Couv-phoenix12 1







    MARTINO BALDI


    Martino Baldi
    Source



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    → (sur enjambées fauves)
    Scripta volant ~ Martino Baldi (un autre extrait de Chapitres de la comédie de Martino Baldi)
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    une fiche bio-bibliographique sur Martino Baldi
    → (sur le site de la Revue Phœnix)
    la page consacrée au Prix Léon-Gabriel Gros





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  • Valérie Brantôme | Sels



    Parmi les pers  et les bleus
    Ph., G.AdC




    SELS


    Hier la jetée pour timon —
    ce point de lisière
    dans la coupe sombre du granit.
    Passible d’ardeur imprévue,
    le roulis entêté de la mer —
    il vient en bavardage
    distraire la paix du jour.

    Parmi les pers et les bleus
    qui nouent leur brouille,
    qui songerait, dis-moi,
    à désunir ciel et terre de leur opale ?

    Ici comme ailleurs,
    un bout de terre porte sa quarantaine,
    retenant l’ancre au pied de quelque paroi
    de haute peine ;
    par-devers la pierre où s’inscrit la patience,
    la pensée contrite
    s’adosse au vol du goéland.
    Cent misères soupèsent
    les heures malades,
    muettes à l’explosion en leur sable de lenteur.
    Mais toi, ton appel du large ?

    Je n’ai d’attache
    qu’un vêtement de traversée,
    l’anneau pour ami
    qui sait le poids léger des départs.



    Valérie Brantôme in Le Scriptorium, Portrait de groupe en poésie (anthologie poétique), Éditions BoD, 2010, page 145.





    ■ Valérie Brantôme
    sur Terres de femmes

    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Il sognatore


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  • Valérie Brantôme | Il sognatore


    Il sognatore 2
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    Tous droits réservés





    IL SOGNATORE


    à Gabriella           



    Rêveur,
    quel archet
    trace l’échappée
    de tes yeux ?


    Ambre brune
    forgée de siècles,
    enchâssée
    en de sereines clairières
    d’améthyste,
    ce sont lourdes coupes
    ouvertes aux aubes pâles
    dans l’argile primitive du monde.


    La pierre, l’aimée
    aux pigments de lune,
    prononce tout bas
    son vœu de sagesse
    tandis qu’elle enfreint
    ― douce ―
    l’arc de ton cou.


    Rêveur
    que je ne quitte ―
    mes yeux loin
    du vacarme contigu
    de l’histoire,
    à leur tour
    prennent ce peu de toi,
    mèche à ton front,
    jusqu’à saigner d’encre
    dans le geste d’extirper
    un monde hors d’ici.



    8 novembre 2009


    Valérie Brantôme
    D.R. Texte inédit
    Valérie Brantôme pour Terres de femmes




    ■ Valérie Brantôme
    sur Terres de femmes

    Sels



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