Étiquette : Vittorio Sereni


  • Vittorio Sereni | A Venezia con Biasion



    Le dieu des eaux le dieu de la nuitImage, G.AdC






    A VENEZIA CON BIASION

    O God, what great kindness            
    have we done in times past
    …                            
    O God of the night                            
    what great sorrow              
    Cometh unto us…                 

    Ezra Pound



    Quale nostro passato valore
    dimenticato presto
    ci meritava il dono di Venezia
    della sua meraviglia ?
    Di quale gran dolore
    che tuttora ci aspetta
    ci risarciva anzitempo
    coll’essere come era Venezia ?

    A tali domande non rispondono più
    il dio delle acque il dio della notte.
    Sprofondano con le città
    sotto il nostro orizzonte.

    Col male di una domanda non fatta
    di una risposta non giunta si va
    su acque in perpetuo turbate :
    su slontananti acque nere, una notte,
    una nostra Venezia congetturando tra quelle luci rade.

    Ma viene con le sue conchiglie
    col suo sasso marino
    il sempreragazzo il tuoterrestre Biasion.
    A sostentare capitelli, a spaziare gabbiani.
    Non ama ― si dice ― in verticale
    spendersi, ma questo
    è poi vero ? Svetta
    su profili slabbrati
    su tramontanti cupole e cuspidi
    la spiga del suo pane solare.






    À VENISE AVEC BIASION

    O God, what great kindness            
    have we done in times past
    …                            
    O God of the night                            
    what great sorrow              
    Cometh unto us…                 

    Ezra Pound



    Lequel de nos mérites passés
    oublié bientôt
    nous valait le don de Venise
    de sa merveille ?
    De quelle grande douleur
    qui toujours nous attend
    nous dédommageait d’avance
    avec ce qu’elle était Venise ?

    À ces questions ne répondent plus
    le dieu des eaux le dieu de la nuit.
    Ils sombrent avec les villes
    sous notre horizon.

    Avec le mal d’une question non posée
    d’une réponse non parvenue on va
    sur des eaux noires qui s’éloignent, une nuit,
    conjecturant une Venise nôtre parmi ces rares lumières.

    Mais vient avec ses coquillages
    avec son caillou marin
    le toujours enfant le tout-terrestre Biasion.
    Souvenir des chapiteaux, mouvoir des mouettes.
    Il n’aime pas, ― dit-on ― se dépenser
    à la verticale, mais est-ce
    bien vrai ? Pointe
    sur des profils ébréchés
    sur des coupoles et des flèches en déclin
    l’épi de son pain solaire.



    Vittorio Sereni, Étoile variable, II, Verdier, Collection « Terra d’altri », 1987, pp. 52-53-54-55. Édition bilingue. Traduction de Philippe Renard et de Bernard Simeone. Préface de Franco Fortini.





    VITTORIO SERENI


    VITTORIO SERENI




    ■ Vittorio Sereni
    sur Terres de femmes

    Je traduisais Char, IV (autre poème extrait de Étoile variable)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Verdier) la fiche de l’éditeur sur Étoile variable (+ extraits de presse)





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  • Vittorio Sereni | Je traduisais Char, IV


    Discours de haies
    Ph., G.AdC






    IV


    VILLAGGIO VERTICALE


    Fresco di un passaggio recente
    al dubbio di un disguido
    risponde il villaggio verticale:
    con discorsi di siepi
    vaneggianti tra setole e velluti
    scricchiolii di porte
    appena schiuse rimpalli
    d’echi gibigianne cucù.

    Sul costone di fronte
    un taglio di luce tra le rupi fa
    di quattro sassi un’ acropoli.
    E’ a un’ora di marcia
    al sole dell’altra provincia
    la forma desiderata.




    IV


    VILLAGE VERTICAL


    Frais d’un récent passage
    au doute d’une fausse route
    répond le village vertical :
    par des discours de haies
    délirantes entre crins et velours
    grincements de portes
    à peine entrouvertes renvois
    d’échos mirages coucous.

    Sur l’arête d’en face
    une entaille de lumière entre les rochers fait
    des quatre cailloux une acropole.
    À une heure de marche
    au soleil de l’autre contrée :
    la forme désirée.



    Vittorio Sereni, « Je traduisais Char », IV, Étoile variable, Verdier, Collection « Terra d’altri », 1987, pp. 120-121. Édition bilingue. Traduction de Philippe Renard et de Bernard Simeone. Préface de Franco Fortini.

        « Comme toute vraie poésie, celle de Sereni dit deux vérités. La première, psychologique et historique, édifie un protagoniste, un réseau de rapports, une fabula. La seconde dit quelque chose qui dépasse l’organisme littéraire, organe de sa phonation. Dans sa première vérité, la voix que nous nommons Sereni témoigne d’événements profonds et de tensions tout au long d’un demi-siècle d’histoire d’une nation tragique, l’Italie, mal comprise par l’Europe ; et elle le fait avec des mots guère différents de ceux employés par les auteurs des générations précédente (comme Montale) ou suivante (comme Pasolini). Dans sa seconde vérité, au contraire, sous des apparences urbaines et quotidiennes, elle annonce un au-delà de la poésie : dans cette voix ― pas du tout étrange, voire « normale » ― triomphe la mort. Contrairement à son contemporain Luzi ou à son cadet Zanzotto, Sereni n’assigne à la poésie aucune mission salvatrice. »

    Franco Fortini, « La plage et la sibylle », préface (extrait), in Vittorio Sereni, id. supra, pp. 7-8.





    VITTORIO SERENI


    VITTORIO SERENI




    ■ Vittorio Sereni
    sur Terres de femmes

    A Venezia con Biasion (autre poème extrait de Étoile variable)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Verdier) la fiche de l’éditeur sur Étoile variable (+ extraits de presse)



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