Étiquette : Vivian Lofiego


  • Vivian Lofiego | Elle portait une blessure au front




    Le tissu du drame bifurque
    Ph., G.AdC






    I


    LLEVABA UNA HERIDA EN LA FRENTE


    Llevaba una herida en la frente, alhaja que sobrevivió
    en la oscuridad del cielo austral,
    broche engarzado de estrellas, único resistente a la ira de
    las parcas

    Tiempo en cuenta regresiva, tiempo que no desemboca
    como si fuera el cause de un río detenido en su fuerza
    ella esperaba firme como un soldadito de plomo
    que la muerte viniera y la construcción que fue su memoria
    le fuera barrida de un soplo

    El mismo soplo que nos puso a todos lejanos de la tierra prístina

    Entonces una mano se estiró en el viento, la distancia
    del no abrazo cauchemard en la vigilia los rostros girando cual planetas
    en el centro un sol negro empujándolos a la deriva de sí mismos

    Caía un telón y como en Shakespeare lo trágico trasciende por causas ajenas a
    la razón,
    para Otelo un pañuelo
    para Hamlet un fantasma
    para Macbeth tres brujas
    para Prospero un Elfo
    He aquí el tejido del drama :
    ella debe dejar su casa por desalojo
    un ala negra se le dibujó en la que fue cama de los hijos
    se espantó sabiendo que no llegaría a otra orilla




    I


    ELLE PORTAIT UNE BLESSURE AU FRONT


    Elle portait une blessure au front, joyau qui avait survécu
    dans l’obscurité du ciel austral,
    broche sertie d’étoiles, seule à résister à la colère
    des Parques

    Compte à rebours d’un temps qui ne va nulle part
    où elle attendait la mort, ferme comme un petit soldat de plomb,
    et qu’ainsi le délicat édifice qu’avait été sa mémoire
    lui soit balayé par le souffle d’une haleine légère

    celle-là même qui nous a tous rejetés loin de la terre originelle

    Alors, une main s’avança au vent dans cette trop grande distance
    de la non-étreinte cauchemar de nuit blanche ces visages en orbite comme des planètes
    au centre un soleil noir les entraînant vers leur propre dérive

    Un rideau tombe et comme dans Shakespeare le drame s’amplifie pour des raisons qui échappent à
    la raison,
    un mouchoir pour Othello,
    un fantôme pour Hamlet
    trois sorcières pour Macbeth,
    un Elfe pour Prospero
    et le tissu du drame bifurque :
    le père redevient enfant et la fille tente de balayer l’aile noire restée dans le berceau







    II


    VIAJE SECRETO A LA CENIZA


    Viaje secreto a la ceniza, a la primitiva aurora, los sentidos encendidos
    al mínimo detalle, big bang, big crunch




    II


    VOYAGE SECRET VERS LA CENDRE


    Voyage secret vers la cendre, l’aurore primitive, les sens exacerbés,
    Par le moindre détail, big bang, big crunch






    III


    LAS DOS BISABUELAS


    Eva y María, las dos bisabuelas,
    raíces transplantadas a América del Sur
    puestas bajo un mismo sino

    Ambas desnudas de la lengua materna
    ese jardín secreto vuelto flor silvestre
    que forjó
    y forjó el lazo del afecto
    menguando en la tierra en un
    tejido de evocaciones

    Era el sur y era el norte, Capuletos, Montescos en la nueva tierra
    ramas de aquel àrbol tramando vida

    LLegó un día en que la hija de María – mi abuela –
    se pusiera guantes de seda, sombrero de ala ancha
    para asistir a la boda de la nieta de Eva – mi madre –
    oracular y vengadora augureó una ruptura en plena ceremonia
    bajo estas gracias comenzó la vida de casados de mis padres

    Expulsados del paraiso
    para siempre,
    para siempre
    conmigo a cuestas



    III


    LES DEUX BISAÏEULES


    Les deux bisaïeules, Eva et María, femmes universelles tronc de l’arbre
    racines transplantées
    consolidées sous un même destin

    Étrange vie, elles dépouillées de leur langue maternelle
    jardin secret fleur de désarroi
    qui avait forgé
    encore et toujours le lien de l’affection
    une racine qui avait ancré dans la terre et créé un perpétuel
    tissu de nostalgies

    C’était le Sud et c’était le Nord, Capulets et Montaigus, c’était la Pampa ouverte
    les branches de cet arbre qui se multipliait, l’aïeule veuve, mère du fiancé
    coiffé d’un chapeau à large bord et tout de satin vêtu, en gants de soie à la noce,

    Sibylle augura la rupture,
    Sous le sortilège commença
    la vie mariée de mes parents



    Vivian Lofiego

    D.R. Poèmes inédits (2010) de Vivian Lofiego
    pour Terres de femmes
    D.R. Traduction inédite de l’espagnol (Argentine)
    par Claude Bleton





    VIVIAN LOFIEGO


    Vivian Lofiego
    Image, G.AdC



    ■ Vivian Lofiego
    sur Terres de femmes

    De l’autre côté du rituel (poème extrait d’Obsidiennes de la nuit + bio-bibliographie)
    Les arbres multiplient leurs branches…
    Un temps que les femmes filent
    → (dans la galerie Visages de femmes) le
    portrait de Vivian Lofiego



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Vivian Lofiego dans la Poéthèque
    → (sur le site de
    RFI) une interview de Vivian Lofiego (en espagnol) lors de la sortie de son ouvrage Pierre d’infini
    – (sur le site Poésie d’hier et d’aujourd’hui)
    une courte anthologie

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    (Printemps des poètes 2010 « Couleur femme »)

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  • Vivian Lofiego | Les arbres multiplient leurs branches…

    «  Poésie d’un jour  »



    Tu savais que les fleurs me font mal
    Ph., G.AdC





    LOS ÁRBOLES MULTIPLICAN SUS RAMAS


    Los árboles multiplican cada primavera sus ramas,
    hay flores de amenazante fragilidad
    ¿ Cuánto tiempo vive una amapola ?
    ¿ Y la margarita que me enseñaste a deshojar ?
    ¿ Y ya cuántos tréboles arrancaste
    para encontrar cuatro hojas y gritar que la suerte es para vos ?
    Sabías que a mí me duelen las flores,
    siento el ínfimo ruidito que hacen cuando alguien al descuido
    las arranca





    LES ARBRES MULTIPLIENT LEURS BRANCHES


    Les arbres multiplient leurs branches chaque printemps,
    il y a des fleurs d’une fragilité menaçante
    Combien de temps vit un coquelicot ?
    Et la marguerite que tu m’as appris à effeuiller ?
    Combien de trèfles as-tu cueillis jusque-là
    pour trouver quatre feuilles et crier que la chance est avec toi ?
    Tu savais que les fleurs me font mal,
    j’entends l’infime petit bruit qu’elles font quand quelqu’un les arrache
    sans faire attention


    Vivian Lofiego, Desde el bosque in Cinq femmes poètes d’Amérique latine aujourd’hui, édition bilingue, poèmes choisis et présentés par Adélaïde de Chatellus, Le Temps des Cerises, 2009, pp. 64-65. Traduit de l’espagnol dans l’atelier de traduction des universités de Rouen, La Sorbonne et Lausanne. Avec la participation de Claude Couffon.





    L’ARBURI MULTIPLICHEGHJANU I SO RAMI


    L’arburi multiplicheghjanu i so rami ogni veranu,
    ci sò i fiori di una fragilità minacciosa
    Quantu tempu campa un pampasgiolu ?
    È a pratellina ch’è tù mi insignasti à sfuglià ?
    Quanti trifogli cuglisti sin’ad avà
    per truvà quattru foglie è mughjà chì a furtuna hè toia ?
    Sapii ch’elli mi facenu sente i fiori,
    sentu u stridarellu infimu ch’elli facenu quandu omu i sradicheghja
    senza fà casu.


    Traduction inédite en corse de Francesca Graziani






    VIVIAN LOFIEGO

    Vivian Lofiego
    Image, G.AdC


    Voir aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Elle portait une blessure au front ;
    – (sur Terres de femmes) Vivian Lofiego/
    De l’autre côté du rituel (poème extrait d’Obsidiennes de la nuit + bio-bibliographie) ;
    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Un temps que les femmes filent ;
    – (sur Terres de femmes) le
    portrait de Vivian Lofiego dans la galerie Visages de femmes.


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  • Vivian Lofiego | Un temps que les femmes filent

    «  Poésie d’un jour  »




    Strudwick__a_golden_threadLes Trois Moires [A Golden Thread]
    par John Melhuish Strudwick (1849-1937),
    un peintre pré-raphaélite tardif, disciple
    de Burne-Jones.
    Huile sur toile,
    72,4 x 42,5 cm
    1885
    Tate Gallery, Londres





    UN TIEMPO QUE HILAN LAS MUJERES


    Un tiempo que hilan las mujeres
    antiguo como la sal, la piedra, la serpiente
    Tiempo que abre la puerta al teatro oscuro
    con su complejo diagrama de muertos y de vivos

    Convergiendo los hilos del futuro, del pasado
    preparando ansiosas en la noche
    la trama del mundo, la vida urdida
    calculando el punto
    ascendiendo y descendiendo

    La experiencia y el sentido
    olvidando los tapices
    polvo de las cunas vacías

    Extraña verticalidad
    hilvan en este tejido de palabras
    enumeraciones minuciosas
    suerte de confecciones hacia dentro

    Cuando el tiempo se detiene
    cuando la aguja detiene su ritmo
    y cada sombra toma posesión del cuarto

    Concentración religiosa de la pequeña araña que crea un nudo invisible en su lienzo
    hecho de un río de venitas transparentes

    Balanceándose como trapecista

    Final del principio
    Principio del final

    Las causas coincidiendo
    por errantes laberintos.

    Vivian Lofiego, Naturaleza inmóvil, Alción Editora, Córdoba, Argentine, 2003.




    UN TEMPS QUE LES FEMMES FILENT



    Un temps que les femmes filent
    ancien comme le sel la pierre le serpent
    Un temps qui ouvre la porte au théâtre obscur
    avec son diagramme complexe de morts et de vivants

    En croisant les fils de l’avenir et du passé
    Elles préparent anxieuses dans la nuit
    la trame du monde, la vie ourdie
    et calculant le point
    montant et descendant

    L’expérience et le sens
    oubliant les tapisseries
    poussière des berceaux vides

    Étrange verticalité
    bâtie dans ce tissu de mots
    énumérations minutieuses
    possible confection vers l’intérieur

    Lorsque le temps s’arrête

    Lorsque l’aiguille retient son rythme
    et que chaque ombre prend possession de la chambre

    La concentration religieuse de l’araignée
    crée un nœud invisible dans sa toile
    faite d’un fleuve de veinules transparentes

    Elle se balance comme un trapéziste

    Fin de l’origine
    Origine de la fin

    Les causes qui coïncident
    Dans les labyrinthes errants.


    Vivian Lofiego, Nature immobile, Première partie, in Pierre d’infini, L’Atelier des Brisants, Collection Les Sèvres de la foudre, 2005, pp. 19-20. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Claude Couffon. Préface de Bernard Noël. Postface de Jean-Pierre Luminet.





    VIVIAN LOFIEGO

    Vivian Lofiego
    Image, G.AdC


    Voir aussi :

    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Elle portait une blessure au front ;
    – (sur Terres de femmes) Vivian Lofiego/
    De l’autre côté du rituel (poème extrait d’Obsidiennes de la nuit + bio-bibliographie) ;
    – (sur Terres de femmes)
    Vivian Lofiego/Les arbres multiplient leurs branches… ;
    – (sur Terres de femmes) le
    portrait de Vivian Lofiego dans la galerie Visages de femmes ;
    – (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Vivian Lofiego dans la Poéthèque (+ un poème inédit : L’Heure Bleue », 2007) ;
    – (sur le site de
    RFI) une interview de Vivian Lofiego (en espagnol) lors de la sortie de son ouvrage Pierre d’infini ;
    – une courte anthologie sur le site
    Poésie d’hier et d’aujourd’hui.



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