Étiquette : William Carlos Williams


  • William Carlos Williams | [The sea that encloses her young body]



    Lucien-Clergue 1
    Ph. Lucien Clergue
    Source







    [THE SEA THAT ENCLOSES HER YOUNG BODY]


    XX


    The sea that encloses her young body
    ula lu la lu
    is the sea of many arms –

    The blazing secrecy of noon is undone
    and and and
    the broken sand is the sound of love –

    The flesh is firm that turns in the sea
    O la la
    the sea that is cold with dead men’s tears –

    Deeply the wooking that penetrated
    to the edge of the sea
    returns in the plash of the waves –

    a wind over the shoulder
    large as the ocean –
    with wave following wave to the edge

    coom barroom –

    It is the cold of the sea
    broken upon the sand by the force
    of the moon–

    In the sea the young flesh playing
    floats with the cries of far off men
    who rise in the sea

    with green arms
    to homage again the fields over there
    where the night is deep –

    la lu la lu
    but lips too few
    assume the new–marrruu

    Underneath the sea where it is dark
    there is no edge
    so two –




    William Carlos Williams, Spring and all, 1923, in The Collected Poems, ed. Christopher MacGowan, vol. 1, New Directions Publishing, New York, 1986, pp. 222-223.








    Lucien-Clergue 2
    Ph. Lucien Clergue
    Source








    [LA MER QUI CONTIENT SON CORPS JUVÉNILE]


    XX


    La mer qui contient son corps juvénile
    ula lu la lu
    est la mer aux bras nombreux –

    L’ardent secret de midi est dévoilé
    et et et
    le sable fracassé est le bruit de l’amour –

    La chair est ferme qui se tourne dans la mer
    O la la O
    la mer froide de toutes les larmes des morts –

    Ces cajoleries qui ont pénétré
    jusqu’au bord de la mer profondément
    retournent au clapotis des vagues –

    un clin d’œil par-dessus l’épaule
    aussi large que l’océan –
    vague après vague jusqu’au bord

    Roule coule roule

    C’est le froid de la mer
    que la force de la lune
    vient fracasser sur le sable –

    Dans la mer cette chair juvénile folâtre
    et flotte avec les cris d’hommes lointains
    qui se lèvent dans la mer

    Les bras verts
    en hommage renouvelé aux prairies là-bas
    où la nuit est profonde –

    la lu la lu
    mais des lèvres trop rares
    simulent le nouveau – marou ouh

    Au fond de la mer où il fait noir
    il n’y a pas d’écueil
    si deux –




    William Carlos Williams, Le Printemps et le reste [Spring and all, 1923], Éditions Unes, 2000, pp. 75-76. Traduit en français et présenté par Valérie Rouzeau.






    WILLIAM CARLOS WILLIAMS


    WCW
    Image, G.AdC



    ■ William Carlos Williams
    sur Terres de femmes

    17 septembre 1883 | Naissance de William Carlos Williams
    20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson
    Asphodèle
    Beauté



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur poets.org)
    une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams
    (+ William Carlos Williams disant A Love Song)
    → (sur Modern American Poetry)
    On Spring and All






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  • 17 septembre 1883 | Naissance de William Carlos Williams

    Éphéméride culturelle à rebours



    Le 17 septembre 1883 naît à Rutherford, village proche de la ville de Paterson, dans le New Jersey, William Carlos Williams.







    WILLIAM CARLOS WILLIAMS
    Image, G.AdC






    Médecin de son état, Williams exerça tout au long de sa vie le métier de pédiatre. L’œuvre majeure de Williams est Paterson, « vaste montage, où alternent séquences versifiées — à la syntaxe tourmentée — et collages de proses quotidiennes : archives locales, coupures de presse, lettres et documents divers… La tension majeure du livre réside bien sûr dans cet écart, entre un projet épique (mais hanté par une déroute historique et sociale) et l’extraordinaire invention dont le poète fait preuve, dans la recherche d’une prosodie visuelle qu’il aura été l’un des premiers à concevoir. » (Yves di Manno).


    : la fierté du pays, le printemps, l’été, l’automne et la mer ; un aveu ; une corbeille, une réplique sans concession à la Grèce et à Rome ; un rassemblement ; une célébration ;
        en des termes divers ; réduits à l’unité par multiplication ; par audace ; une chute ; les nuages rivés au canal ensablé ; une pause imposée ;
        l’effort mis à cela ; une identification et un plan d’action supplantant un autre plan d’action ; un raidissement ; une dispersion et une métamorphose.



    William Carlos Williams, Paterson, José Corti, 2005, Livre I, page 9. Traduit par Yves di Manno.







    WILLIAM CARLOS WILLIAMS


    EXTRAIT des IMPARDONNABLES
    de CRISTINA CAMPO



    Une anthologie de William Carlos Williams (qu’elle soit restreinte ou même simplement personnelle) est quelque chose de difficile à élaborer. L’œuvre entière du poète se présente en fait comme un journal cosmique, très long et très minutieux : composé jour après jour, morceau par morceau, selon un rythme kaléidoscopique d’écroulement et de recomposition qu’il a lui-même défini dans une lettre célèbre :

    « La vie, écrit Williams, est surtout subversion de la vie, telle qu’elle était un instant plus tôt : toujours nouvelle et dépourvue de règles. Et dans le vers, pour qu’il soit vivant, quelque chose doit être infusé qui ait la couleur même de l’instable, quelque chose qui ait la nature d’une révolution impalpable. »

    Une action poétique de ce type ne se réalise pas seulement en vertu de la technique poétique de Williams, dans la ligne folle et délicate de sa syntaxe, dans sa métrique d’une irréductible spontanéité : soutenues toutes deux par des lois sévères et aériennes mais — à l’instar justement des mois de la vie — délicieusement savantes.

    Elle commence bien avant, elle a sa source dans le regard : fixé avec une merveilleuse constance sur la métamorphose de l’objet, davantage que sur l’objet lui-même.

    Révolution, comme il l’a dit : du bourgeon et du globe terraqué, des graines et des saisons : accomplissement et désintégration des visages, des villes, des événements. Tendre tragédie, attestée heure par heure par Williams avec un dévouement qui fait parfois de lui — alors qu’il est l’apôtre d’une poétique américaine par excellence — un maître chinois de l’âge classique.

    La géographie de Williams ne pourra donc être qu’une géographie d’archipels. Et seul un panorama complet de son œuvre nous révélera l’ombre de la terre volcanique d’où émergent ces innombrables Antilles.

    Mais de même que la fleur (cette héroïne subtile de la saga de Williams) témoigne de l’arbre invisible, chaque vers du poète nous offre déjà dans toute leur pureté les composantes de son art. À commencer par cette coexistence si rare de l’extrême légèreté et de l’enracinement puissant qui est la substance de la poésie : cette saveur maxima de chaque mot dont Williams est un des seuls maîtres vivants.


    Cristina Campo, « William Carlos Williams » in Les Impardonnables, Éditions Gallimard, Collection L’Arpenteur, 1992, pp. 217-218. Traduit de l’italien par Francine de Martinoir, Jean-Baptiste Para et Gérard Macé.






    WILLIAM CARLOS WILLIAMS



    ■ William Carlos Williams
    sur Terres de femmes

    20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson
    Asphodèle
    Beauté
    [The sea that encloses her young body] (extrait de Spring and all)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de José Corti)
    une page consacrée à Paterson
    → (sur poets.org)
    une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams
    (+ William Carlos Williams disant A Love Song)
    → (sur Modern American Poetry)
    de nombreuses pages consacrées à William Carlos Williams
    → (sur YouTube)
    William Carlos Williams lisant son poème « To Elsie » (enregistrement du 9 janvier 1942)




    ■ Voir encore ▼


    29 avril 1923 | Naissance de Cristina Campo





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  • William Carlos Williams, Asphodèle




    Asphodèle du Cap Corse 3
    Ph. angèlepaoli







    ASPHODEL, THAT GREENY FLOWER (Book I, excerpt)



    Give me time,
                       time.
    When I was a boy
                       I kept a book
                                           to which, from time
    to time,
                       I added pressed flowers
                                           until, after a time,
    I had a good collection.
                       The asphodel,
                                           forebodingly,
    among them.
                       I bring you,
                                           reawakened,
    a memory of those flowers.
                       They were sweet
                                           when I pressed them
    and retained
                       something of their sweetness
                                           a long time.
    It is a curious odor,
                       a moral odor,
                                           that brings me
    near to you.
                       The color
                                           was the first to go.
    There had come to me
                       a challenge,
                                           your dear self,
    mortal as I was,
                       the lily’s throat
                                           to the hummingbird !
    Endless wealth,
                       I thought,
                                           held out its arms to me.
    A thousand topics
                       in an apple blossom.
                                           The generous earth itself
    gave us lief.
                       The whole world
                                           became my garden ! […]







    ASPHODÈLE (Livre I, extrait)



    Laisse-moi le temps,
                       le temps.
    Quand j’étais petit garçon
                       je conservais un livre
                                           dans lequel, de temps
    à autre,
                       je pressais des fleurs
                                           jusqu’au jour où
    j’eus une belle collection.
                       L’asphodèle,
                                           comme un présage,
    en faisait partie.
                       Je t’apporte,
                                           ressuscité,
    un souvenir de ces fleurs.
                       Elles étaient suaves
                                           quand je les pressais
    et conservaient
                       longtemps
                                           de leur suavité.
    C’est un parfum curieux,
                       un parfum moral,
                                           qui m’amène
    auprès de toi.
                       La couleur
                                           disparut la première.
    Je dus relever
                       un défi,
                                           ta chère personne,
    moi, simple mortel,
                       gorge de lys
                                           à l’oiseau-mouche !
    Une richesse infinie,
                       pensai-je,
                                           me tendait les bras.
    Un millier de thèmes
                       dans une fleur de pommier.
                                           La terre, en sa prodigalité,
    ne nous refusait rien.
                       Le monde entier
                                           devint mon jardin ! […]



    William Carlos Williams, Asphodèle, suivi de Tableaux d’après Bruegel, édition bilingue, Éditions Points, 2007, pp. 32-37. Traduit de l’anglais (États-Unis) et présenté par Alain Pailler.






    WILLIAM CARLOS WILLIAMS
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    WILLIAM CARLOS WILLIAMS



    ■ William Carlos Williams
    sur Terres de femmes


    17 septembre 1883 | Naissance de William Carlos Williams
    Beauté
    [The sea that encloses her young body] (extrait de Spring and all)
    20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Poezibao)
    une note bio-bibliographique sur William Carlos Williams
    → (sur poets.org)
    une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams
    (+ de nombreux poems [dont Asphodel] et William Carlos Williams disant A Love Song et To Elsie)
    → (sur Modern American Poetry)
    de nombreuses pages consacrées à William Carlos Williams
    → (sur YouTube)
    William Carlos Williams lisant son poème « To Elsie » (enregistrement du 9 janvier 1942)



    ■ Voir encore ▼

    L’asphodèle, plante du salut





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  • 20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson

    «  Poésie d’un jour  »

    WILLIAM CARLOS WILLIAMS
    Image, G.AdC







    20 AOÛT 1878


         Le 20 août 1878, un peu après minuit, l’officier de police Goodridge, qui était alors dans les parages de Franklin House, entendit un curieux bruit strident, en provenance d’Ellison Street. Il accourut sur les lieux pour voir ce qui se passait et découvrit un chat acculé sous le porche de la quincaillerie Clark, à l’angle de la rue. Devant lui se tenait un étrange animal noir, trop petit pour être un chat, mais trop gros pour être un rat. L’officier se précipita sur lui, mais l’animal se réfugia sous la grille d’un soupirail, d’où il se mit à pointer puis à retirer vivement sa tête. Mr. Goodridge essaya plusieurs fois sans succès de l’atteindre avec son bâton. L’officier Keyes arriva alors sur les lieux : dès qu’il l’eût aperçue, il affirma que la bête devait être un vison (ceci ne fit que confirmer l’opinion que Mr. Goodridge s’était déjà forgée). Ils tentèrent ensemble d’assommer l’animal ― toujours en vain. Finalement, l’officier Goodridge sortit son pistolet et fit feu sur lui. Il manqua son but, mais le bruit de la déflagration effraya tant la pauvre bête qu’elle se précipita dans la rue et partit à toute allure le long d’Ellison Street, poursuivie par les deux officiers. Le vison s’engouffra en fin de compte dans un soupirail de l’épicerie qui se trouve près du bar Spangermacher (Bière Blonde) et disparut. On fouilla la cave le lendemain matin, mais sans découvrir la moindre trace du petit animal qui avait causé tant d’émoi.


                Sans l’invention rien ne serait à sa place,
                à moins que l’esprit ne change, à moins
                que l’on ne réévalue les étoiles en fonction
                de leurs positions respectives, le
                sens resterait le même, l’évidence
                ne serait pas admise : à moins d’un
                esprit nouveau le vers ne pourrait
                changer, l’ancien perdurerait
                en se répétant, perpétuellement orienté
                vers la mort : sans l’invention
                il n’y aurait rien sous le buisson
                d’hamamélis, l’aulne ne pousserait pas sur
                les tertres qui bordent le canal
                presque à sec du vieux marécage,
                on ne verrait pas les minuscules
                empreintes des rongeurs
                sous les touffes d’herbe qui les
                cachent : sans l’invention le vers
                ne résoudrait plus ses anciennes
                scansions (du temps où l’on habitait un
                verbe souple, aujourd’hui disparu à jamais).

                Ils sont allongés sous les buissons
                à l’abri du soleil ―
                11 heures
                                        On dirait qu’ils parlent

    ― un parc, voué aux plaisirs : voué aux       .       sauterelles!


    William Carlos Williams, Paterson, Éditions José Corti, 2005, pp. 57-58. Traduit par Yves di Manno.






    AUGUST 20, 1878


        Shortly after midnight, August 20, 1878, special official Goodridge, when in front of the Franklin House, heard a strange squealing noise down towards Ellison Street. Running to see what was the matter, he found a cat at bay under the water table at Clark’s hardware store on the corner, confronting a strange black animal too small to be a cat and entirely too large for a rat. The officier ran up to the spot and the animal got in under the grating of the cellar window, from which it frequently poked its head with a lightning rapidity. Mr. Goodridge made several strikes at it with his club but was unable to hit it. Then officer Keyes came along and as soon as he saw it, he said it was a mink, which confirmed the theory that Mr. Goodridge had already formed. Both tried for a while to hit it with their clubs but were unable to do so, when finally officer Goodridge drew his pistol and fired a shot at the animal. The shot evidently missed its mark, but the noise and powder so frightened the little joker that it jumped out into the street, and made down into Ellison Street at a wonderful gait, closely followed by the two officers. The mink finally disappeared down a cellar window under the grocery store below Spangermacher’s lager beer saloon, and that was the last seen of it. The cellar was examined again in the morning, but nothing further could be discovered of the little critter that had caused so much fun.


                Without invention nothing is well spaced,
                unless the mind change, unless
                the stars are new measured, according
                to their relative positions, the
                line will not change, the necessity
                will not matriculate: unless there is
                a new mind there cannot be a new
                line, the old will go on
                repeating itself with recurring
                deadliness: without invention
                nothing lies under the witch-hazel
                bush, the alder does not grow from among
                the hummocks margining the all
                but spent channel of the old swale,
                the small foot-prints
                of the mice under the overhanging
                tufts of the bunch-grass will not
                appear: without invention the line
                will never again take on its ancient
                divisions when the word, a supple word,
                lived in it, crumbled now to chalk.


                Under the bush they lie protected
                from the offending sun ―
                11 o’clock
                                       They seem to talk

    ― a park, devoted to pleasure: devoted to       .       grasshoppers!


    William Carlos Williams, Paterson, New Directions Books, New York, 1995, pp. 49-50.






    WILLIAM CARLOS WILLIAMS



    ■ William Carlos Williams
    sur Terres de femmes

    17 septembre 1883 | Naissance de William Carlos Williams
    Asphodèle
    Beauté
    [The sea that encloses her young body] (extrait de Spring and all)



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    → (sur le site de José Corti)
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    → (sur poets.org)
    une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams
    (+ William Carlos Williams disant A Love Song)
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    William Carlos Williams lisant son poème « To Elsie » (enregistrement du 9 janvier 1942)





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  • William Carlos Williams | Beauté

    «  Poésie d’un jour  »


    WILLIAM CARLOS WILLIAMS
    Image, G.AdC







    BEAUTIFUL THING


                               Beautiful thing
                                                     ― the whole city doomed ! And
    the flames towering            .

                                                     like a mouse, like
                                                     a red slipper, like
                                                     a star, a geranium,
                                                     a cat’s tongue, or―

                                                     thought, thought
                                                     that is a leaf, a
                                                     pebble, an old man
                                                     out of a story by

                                                     Pushkin              .

                                                                                              Ah!
                                                     rotten beams tum-
                                                     bling,

                                                                 .             an old bottle
    mauled

    The night was made day by the flames, flames
    on which he fed ― grubbing the page
                                                             (the burning page)
    like a worm ― for enlightenment

    Of which we drink and are drunk and in the end
    are destroyed (as we feed). But the flames
    are flames with a requirement, a belly of their
    own that destroys ― as their are fires that
    smolder
                     smolder a lifetime and never burst
    into flame


                                                                                                    Papers
                        (consumed) scattered to the winds. Black.
                        The ink burned white, metal white. So be it.
                        Come overall beauty. Come soon. So be it.
                        A dust between the fingers. So be it.
                        Come tatterdemalion futility. Win through.
                        So be it. So be it.


    William Carlos Williams, Paterson, New York, New Directions Paperbook 806, pp. 116-117. Revised Edition Prepared by Christopher MacGowan.






    L'encre brûlée à blanc, le métal à blanc. Ainsi soit-il.
    Ph., G.AdC







    BEAUTÉ


    Beauté
                                                    ― toute la ville détruite ! Et
    les flammes qui s’élèvent

                                                     comme une souris, comme
                                                     une pantoufle rouge, comme
                                                     une étoile, un géranium,
                                                     la langue d’un chat ou ―

                                                     la pensée, la pensée
                                                     qui est une feuille, un
                                                     caillou, un vieillard
                                                     droit sorti d’une histoire de

                                                     Pouchkine              .

                                                                                              Ah !
                                                     des poutres pourries qui
                                                     s’écroulent,

                                                                                une vieille bouteille
    pulvérisée

    La nuit ressemblait au jour à cause des flammes, flammes
    dont il se nourrissait ― creusant la page
                                                             (la page en flammes)
    comme un ver ― pour mieux comprendre

    Que nous buvons jusqu’à l’ivresse pour être finalement
    détruits (par cette nourriture). Mais les flammes
    sont flammes avec une exigence, une outrance destructrices
    qui leur sont propres ― comme il y a des feux qui
    couvent
                     couvent très longtemps sans jamais
    s’embraser

                                                                                                         Des papiers
                        (consumés) éparpillés au vent. Noirs.
                        L’encre brûlée à blanc, le métal à blanc. Ainsi soit-il.
                        Viens, beauté transcendante. Viens vite. Ainsi soit-il.
                        Poussière entre les doigts. Ainsi soit-il.
                        Viens, futilité déguenillée. Triomphe.
                        Ainsi soit-il.


    William Carlos Williams, Paterson, José Corti, 2005, pp. 126-127. Traduit par Yves di Manno.






    WILLIAM CARLOS WILLIAMS



    ■ William Carlos Williams
    sur Terres de femmes

    17 septembre 1883 | Naissance de William Carlos Williams
    Asphodèle
    20 août 1878 | William Carlos Williams, Paterson
    [The sea that encloses her young body] (extrait de Spring and all)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de José Corti)
    une page consacrée à Paterson
    → (sur poets.org)
    une note bio-bibliographique (en anglais) sur William Carlos Williams
    (+ William Carlos Williams disant A Love Song)
    → (sur Modern American Poetry)
    de nombreuses pages consacrées à William Carlos Williams
    → (sur YouTube)
    William Carlos Williams lisant son poème « To Elsie » (enregistrement du 9 janvier 1942)





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