Étiquette : Yves di Manno


  • Éric Sautou, Beaupré

    par Angèle Paoli

    Éric Sautou, Beaupré,
    éditions Flammarion,
    Collection Poésie/Flammarion, 2021.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Vision miroir
    « (écrire c’est trembler) »
    Collage photographique, G.AdC







    « (ÉCRIRE, C’EST TREMBLER) »




    Dernier recueil d’Éric Sautou, Beaupré offre une traversée dans un temps infini qui s’étaie sur la coulée des jours. « Les jours et les jours ». Jusqu’à « Beaupré », lieu affectionné de l’enfance. Beaupré, son jardin, sa véranda, sa balançoire, ses fleurs. Une campagne hors du monde qui tient son univers entier entre ses deux syllabes jointes. C’est dans cet univers-là que prennent place les mots d’Éric Sautou. Des mots qui se cherchent, se répètent, faisant retour sur eux-mêmes, à l’identique. Des mots simples qui disent la solitude grande, le chagrin et l’absence. La perte et la mort. La véranda, cette véranda qui donnait son titre à un précédent recueil est celle, désormais vide, de la mère du poète. Le poète dédie à Marcelle Sautou ce Beaupré dont le titre aux résonances marines s’éclaire en cours de lecture. Le nom de Beaupré est tour à tour associé à un lac aux eaux dormantes et narcotiques ; à la « mémoire (vide) » ; à la mort de la mère — « perdue », « noyée ». Il est le mot sur lequel se clôt le recueil, cette « eau sombre » des nuages dans laquelle l’enfant poète désire pénétrer et se perdre, jusqu’à l’oubli :

    « c’est moi l’enfant (l’absent) laisse-moi entrer

    des nuages (nuages) je n’en vois qu’une eau sombre

    Beaupré ».

    C’est pour sa mère que le poète écrit, dans le tremblé d’une existence qui se vit dans la proximité de sa disparition :

    « rien faire sans toi plus rien

    écrire d’autre (j’écris pour toi qui n’es plus là).

    Peut-être aussi pour parvenir au silence auquel le poète aspire :

    « j’écris

    pour ne plus rien écrire (je m’assieds vraiment seul) ».

    Le lecteur fidèle à l’œuvre du poète retrouve dans les pages de Beaupré une même mélancolie ; une même atmosphère lente, à la fois désuète et obsédante, construite à partir des mêmes motifs. La solitude, indépassable, le vide, le rien, les questions sans réponse, l’incompréhension, le silence, l’attente. La disparition. Le suspens.

    « vois ce sont des feuilles des fleurs

    qui une à une elles aussi »

    ou encore, dans ces vers, étranges et mystérieux :

    « est-ce que nous allons vraiment

    vraiment alors c’est vraiment ça nous allons vraiment ».

    Aller ? Dans quel sens ?

    Aller vers ? Aller bien ? Aller ensemble ?

    Seule l’insistance de l’adverbe ponctue le discours comme pour se convaincre, ou convaincre l’autre à qui il s’adresse, du bien-fondé de sa réflexion.

    Le recueil s’ouvre sur la mère, dans le vague des formes qui l’entourent et qu’elle ne parvient pas à définir :

    « je fais

    quelque chose mais quoi… ».

    Sur un temps qui passe à l’identique, temps inchangé d’une saison l’autre :

    « les jours

    c’est un jour

    de plus cependant

    il est trop tard cependant je le sais ».

    Beaupré se clôt sur la demande du fils qui se présente devant l’eau sombre de l’oubli.

    Elle/Lui. Elle avec l’autre, à la fois pareil et autre. La mère voit en son fils un autre soi-même, vision-miroir. Qui va de pair avec le désir du toujours, immuable, identique aujourd’hui à ce qui fut, afin que rien ne change.

    Le « nous » parfois les réunit dans l’alternance de l’un à l’autre ; pour aboutir à l’abolition de toute différenciation :

    « vois comme le jardin

    la maison désormais

    et comme ici nous sommes

    seule à seul désormais ça n’a plus d’importance ».

    À ces vers répondent, plus loin, ceux du poète, comme un écho assourdi :

    « je suis seul d’être avec toi

    je te parle

    de toi j’écris

    dimanche

    d’autre chose maison de soi

    vie où nous sommes

    qu’est-ce qui qui s’en va qui disparaît ».

    Il arrive que les voix se brouillent. Que l’on hésite un moment entre elle et lui. Que l’on se perde dans la question « qui parle à qui ? » Comme dans ces vers qui tournent en boucle :

    « je suis avec toi (qui me ressembles)

    avec toi qui me ressembles oh vivre est là depuis toujours avec toi

    qui me ressembles ».

    Une osmose les confond : elle, sous ses mots ; lui, avec les siens, que la mère ne comprend pas. Parce qu’« écrire est à l’écart ». C’est sans doute ce qui sépare la mère de son fils et fait entre eux écran. Car la mère n’a pas les mots, ne sait que dire, n’a rien à dire ou si peu de choses que ce peu rejoint le rien, le silence le vide. Parfois, pour un dialogue construit sur le manque, un aveu. La peur de ? L’hésitation. Un dialogue au-delà des mots ; au-delà de toute temporalité.

    « peur d’être seule parfois

    ce que tu ne dis pas

    je n’ai pas su quoi faire

    je te raconte ça

    je t’aime (je t’aimais) ».

    C’est la force d’Éric Sautou de tisser le poème à partir de ces mailles insaisissables faites de répétitions et de parenthèses. Des parenthèses qui interrogent, tant elles font partie intégrante de l’écriture du poète, de son mode de pensée. Que disent-elles, ces variations sur l’infime ? Ces légers déplacements sont-ils un prolongement du vide, de la chute, du rien ? Ou une forme de lallation propre à endormir ou anesthésier la douleur ? Souvent les parenthèses reprennent les mots des poèmes comme si les fleurs, les feuilles, les heures, les jours, la pluie ou le soleil, les mots (« choses écrites ») — tout ce qui tombe en cours de vers — s’assourdissait (s’amenuisait ?) dans la répétition ou dans l’écho infini d’une onde qui se noie.

    C’est pour sa mère que le poète continue d’écrire, pour prolonger un peu ce tremblé d’un temps qu’ils avaient tous deux en partage : « (écrire c’est trembler) », confie le poète.

    De ce tremblé des mots, qui tombent comme notes égrenées en boucle, naît la musique mono-tonale si particulière de ce recueil. Une musique répétitive qui hypnotise dans la durée et agit à la manière d’une bouleversante mélopée.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Sautou Beaupré 3





    ÉRIC SAUTOU


    Sautou 2
    Ph. Sébastien Solidon
    Source





    ■ Éric Sautou
    sur Terres de femmes


    [c’était ça simplement ça] (extrait de Beaupré)
    À son défunt (lecture d’AP)
    [Lire les poèmes] (extrait des Jours viendront)
    La vie éternelle, I (extrait d’Une infinie précaution)
    [comme le héron je descends de ma fenêtre] (extrait des Vacances)
    La Véranda (lecture d’AP)
    [assise et seule assise] (extrait de La Véranda)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Éric Sautou
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Éric Sautou





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  • Éric Sautou | [c’était ça simplement ça]


    [C’ÉTAIT ÇA, SIMPLEMENT ÇA]



    c’était ça simplement ça
    je m’étais endormie
    je n’avais devant moi
    que quelques mots de peine
    (c’était pour rien écrire toi qui n’avais
    nulle joie pour moi c’était pour rien)
    la balançoire
    (vide)
    les chaises du jardin les bancs
    feuilles du vent (bouleversées)
    entends le téléphone
    que plus rien plus personne (dans la maison personne)




    chaque jour
    toi qui réapparaissais je n’ai fait
    que t’attendre (t’attendre)
    et tu n’es pas venue




    si peu de mots à nous dire et cette façon que tu avais
    de me dire (j’ai oublié maintenant) ce n’est pas
    seulement rester seule c’est aussi
    non je ne sais pas




    Éric Sautou, Beaupré, éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2021, pp. 93-95. [en librairie le 10 février 2021]






    Sautou Beaupré 3





    ÉRIC SAUTOU


    Sautou 2
    Ph. Sébastien Solidon
    Source





    ■ Éric Sautou
    sur Terres de femmes


    Beaupré (lecture d’AP)
    À son défunt (lecture d’AP)
    [Lire les poèmes] (extrait des Jours viendront)
    La vie éternelle, I (extrait d’Une infinie précaution)
    [comme le héron je descends de ma fenêtre] (extrait des Vacances)
    La Véranda (lecture d’AP)
    [assise et seule assise] (extrait de La Véranda)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Éric Sautou
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Éric Sautou
    → (sur le site des éditions Flammarion)
    la fiche de l’éditeur sur Beaupré





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  • Fabienne Courtade | [le fleuve s’entend au loin]




    [LE FLEUVE S’ENTEND AU LOIN]





    le fleuve s’entend au loin


    Nous respirons ensemble


    un grand feu nous soulève

    embrase les odeurs, le grain de la peau

    la douceur des cheveux

    son haleine



    cette fois j’inventais les souvenirs
    j’aspirais à grands poumons


    qui a disparu ?
    qui était là
    juste avant
    je ne sens plus rien

    pas une respiration
    J’écoute seulement
    la rumeur

    un flottement au-dessus
    ville remplie d’arbres et d’allées



    toutes les ombres sont effacées
    je ne reconnais rien



    au milieu

    je refais le même rêve
    un autre temps
    se décline
    que nous devons descendre
    ou traverser

    à nouveau



    au bout du couloir
    des formes humaines

    des portes
    nous descendons trop vite

    notre vie presque à reculons
    d’un claquement
    tombe


    doigts, pensées, muscles noués

    bouche et yeux



    nettoie par terre les sacs
    éclatés


    se perd
    un peu de sang      renversé ( balayé )



    morceaux de kleenex ont déjà servi
    plusieurs fois    ramollis effilochés    en bouillie
    ces jours-là on les reprend    au début
    sortis des poches des sacs
    écrasés
    sous les talons



    Petite passerelle entre nous
    et ces mots sur un mur

    Collés en pleine nuit


    s’en aller est impossible





    « À qui la vie humaine est une expérience à mener le plus loin possible »





    Fabienne Courtade, Corps tranquille étendu, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2017, pp. 115-118. Couverture d’après une photo de l’auteur.






    Fabienne Courtade  corps tranquille étendu




    FABIENNE COURTADE


    Fabienne Courtade
    Source




    ■ Fabienne Courtade
    sur Terres de femmes


    Table des bouchers, poésie (lecture d’AP)
    suffoquer prendre cette douleur (extrait de Table des bouchers)
    Rien ne nous précède (extrait de Ciel inversé)
    19 août 2004 | Fabienne Courtade, le cœur bat très vite
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    poème inédit [sans titre]





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  • Isabelle Garron | [On est toujours là]




    [ON EST TOUJOURS LÀ]



    On est toujours là.

    Les marcheurs, des chiens, des joggeurs font bouger l’immobilité de la dune.
    Seule une haie de pieux en bois la sépare de la ligne parfaite du ciel.
    On dirait une arête de poisson      échouée depuis des siècles
    enfin     pas exactement mais un peu.
    Elle ramasse un os de seiche.

    Rouler avec la rumeur des vagues de l’autre côté de la dune est possible.

    Et mêler la rumeur au crissement des cailloux sous les roues du vélo
    sur le parcours de santé,      c’est écrire : le réel
    une bande littorale ou zip inversé
    du réel sans autre appui
    que la lande

    qui va et vient sous les apparitions du soleil.

    Il est     des réels où traîner, où rouler loin     des vieilles
    dames avec leur cabas     avec leurs histoires
    d’édredon     de chimères d’océan     loin
    de la mémoire de leurs marins
    et tout     et tout


    Et tout ; et rien.




    […]



    Isabelle Garron, « Le vent » in Bras vif, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2018, pp. 54-55.






    Isabelle Garron





    ISABELLE GARRON


    Isabelle Garron





    ■ Isabelle Garron
    sur Terres de femmes

    Ce schiste sur les hauteurs, 4
    Suite 4 (extrait de Corps fut)
    ]. la position du soleil (extrait de Qu’il faille + une notice bio-bibliographique)





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  • Dominique Quélen | [Un air tombe du ciel]



    [UN AIR TOMBE DU CIEL]



    Un air tombe du ciel. L’air qui sombre s’élève. Et ce poème est chargé d’élever de la terre des nuées d’eau qui nous visent. Il fait ça. Rien à craindre. Si on l’achevait d’un orage de viande et d’os ? Ici ? Soudain quelqu’un vif comme l’éclair irait de nous au poème à force de quoi ? À force d’aller rentrer ce dont ne doit rentrer qu’une ombre. À peine une force zéro pour nous. Rien. Un éclair moisi. Rien. Un crapaud soudain sur la route et rien. Un orage. Un truc dont l’œil va craindre qu’il soit fait juste pour nous voir. Des nuées d’oiseaux ou de ça. On a chargé notre mule ! Et voici un sombre crétin ! Ciel ! En suis-je un ?



    Dominique Quélen, Revers, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2018, page 64.






    Dominique Quelen






    DOMINIQUE QUÉLEN


    Dominique Quélen
    Source



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site des éditions Flammarion)
    la fiche de l’éditeur sur Revers
    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Dominique Quélen




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    » Retour Incipit de Terres de femmes


  • Bernard Chambaz | Ressac



    RESSAC




    I

    Image de neige
    sous de sombres et splendides marronniers
    vent de force 3
    classicisme
    Crier :
    Tout est trop tard


    II

    L’incohérence
    le tour de France à bicyclette
    le rire l’effroi l’azur Raymond Queneau


    III

    Ostie Verkhoiansk Tombouctou
    Nous sommes là :
    Comme une grue (jaune) remonte
    Des ossements de lune
    Enfouis plus dessous que la mer


    IV

    Dehors on entendait le couchant
    je t’aime
    hasard naufrage &
    le plus grand poème par-dessus bord
    jeté





    Bernard Chambaz, « Rumeur », & le plus grand poème par-dessus bord jeté, Seghers éd., Collection Poésie dirigée par Mathieu Bénézet et Bernard Delvaille, 1983, pp. 60-61, in Yves di Manno & Isabelle Garron, Un nouveau monde, Poésies en France. 1960-2010, Un passage anthologique, Éditions Flammarion, Collection Mille & une pages, 2017, pp. 897-898.






    Chambaz 2




    BERNARD  CHAMBAZ


    Bernard-chambaz





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Encres vagabondes)
    un entretien avec Bernard Chambaz (propos recueillis par Brigitte Aubonnet, mai 2015)





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  • Emmanuel Moses | La fleur « Shortia »



    LA FLEUR « SHORTIA »




    Une fleur rare comme un poème : « Shortia », aux pétales blancs. Combien d’heures de marche dans les montagnes ? Combien d’espoirs et de déceptions ? Se lever aux premières lueurs du jour et préparer son sac avec les provisions pour le chemin : la miche de pain et la fiasque de vin. Prendre alors la route qui semble droite, de prime abord, et en réalité tourne insensiblement, ce dont on ne se rend compte qu’en s’arrêtant et en regardant en arrière.

    On a monté et descendu les pentes herbeuses, on s’est appuyé aux derniers arbres de la forêt, des espèces de supplétifs malingres à l’orée de l’armée régulière des mélèzes et des sapins. On avait consulté de vieilles cartes dans le sac à provisions qui n’ont pourtant rien donné, rien appris. Une fleur rare comme un poème.

    On a lu qu’elle pousse à l’ombre de rochers, dans une sorte de jardin naturel, un jardin sans beaucoup d’imagination ni de richesse, qui consiste en une large étendue d’herbe piquée ici et là de trèfles, de pissenlits et peut-être, cachées comme elles savent l’être, de quelques violettes. On l’a lu dans les vieux récits d’expéditions, fourrés, eux aussi, au fond du sac qu’emplit maintenant une odeur de farine et de chrome. La fiasque n’est pas neuve non plus et a dû autrefois être protégée par une enveloppe en cuir qu’une main — celle du temps ou d’un enfant — a pris plaisir à arracher.
    Combien d’horizons ? Combien de battements de cœur ? Il y a un enchantement du cœur solitaire à s’avancer parmi les éboulis, sur une terre mince et stérile que caresse de loin en loin l’ombre bleue d’un aigle ou d’un épervier à mi-distance du ciel, ou en tout cas telle est l’impression qu’en reçoit l’œil qu’un rien allume, qu’un rien éteint.

    On a raconté de nombreuses anecdotes à propos de ce long voyage à pied en quête de la fleur rare « Shortia ». Même ses préparatifs furent auréolés de légende. S’il ne s’était pas soldé par un échec, qu’en serait-il resté dans les mémoires ? On peut se le demander. Et si les poèmes avait été monnaie courante, marchandise profuse, étalée au grand jour, que serait-il resté ?



    Emmanuel Moses, Polonaise et autres textes, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2017, pp. 72-73.






    Emmanuel Moses  Polonaise





    EMMANUEL  MOSES


    Emmanuel_moses_didier_pruvot_flammarion
    Ph. © Didier Pruvot/Flammarion
    Source





    ■ Emmanuel Moses
    sur Terres de femmes


    Dona (lecture d’AP)
    [La pluie donne un soir inachevé](poème extrait de Dona)
    [Derniers feux](extrait d’Ivresse)
    Ivresse (lecture de Gérard Cartier)
    [Je suis allée au puits](extrait de Comment trouver comment chercher)
    [Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité](extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    [Je ferme les yeux](autre extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    [La mer, à peau de cétacé](extrait du Paradis aux acacias)
    Quatuor (lecture d’AP)
    [Mais voilà il y a un au-delà des apparences](extrait de Quatuor)
    Tout le monde est tout le temps en voyage (lecture d’AP)
    Tardives (poème extrait de Tout le monde est tout le temps en voyage)
    [Mettre un éléphant dans un poème](extrait d’Un dernier verre à l’auberge)
    [Le cahier vide et le cahier qui se remplit](extrait du Voyageur amoureux)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Galaade)
    une notice bio-bibliographique consacrée à Emmanuel Moses





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  • Jean Tortel | Jeter le mot



    JETER LE MOT
    (EXTRAIT)




    La parole n’est pas ailleurs
    Le lys le sang la pierre sont là
    Avec leur odeur leur force
    Je t’aime autant que le blé
    Fort à l’odeur de lance

    Nulle autre neige nul autre poids
    Hors d’elle je m’embarrasse
    Et je m’en vais de nous

    Celui qui parle ne se trompe pas
    Je parle Est-ce que je parle
    Un navire est perdu

    Lointaine et proche
    Tout est miroir
    Lointaine et proche et toi
    Confondue mais présente
    Toujours légèrement plus proche
    Que toute parole

    Qu’elle naisse de toi
    Qu’elle te fasse vivre
    Je prononce ton nom
    Qui la suscitera

    Je dis herbe ou miroir
    La parole est surprise
    Même dans ton sommeil
    Elle n’a point d’abri

    Je ne sais si c’est toi
    Qui parais la première
    Flammé douceur verger
    Je ne distingue pas



    Jean Tortel, « Jeter le mot », Naissances de l’Objet, Cahiers du Sud, 1955 in Yves Di Manno & Isabelle Garron, « Prémices d’un nouveau monde prosodique », Un nouveau monde, Poésies en France, 1960-2010, Flammarion, Collection Mille&unepages, 2017, pp. 158-159.






    Naissances de l'objet 2






    JEAN TORTEL


    Jean Tortel
    Ph. : Jean Marc de Samie
    – tous droits réservés
    Source





    ■ Jean Tortel
    sur Terres de femmes

    [Et de l’eau | Avant la nuit] (extrait de Relations)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur remue.net)
    Jean Tortel | Fragment personnel, par Philippe Rahmy
    → (sur universalis.fr)
    une notice sur Jean Tortel





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  • Ariane Dreyfus, Le Dernier Livre des enfants

    par Angèle Paoli

    Ariane Dreyfus, Le Dernier Livre des enfants,
    Éditions Flammarion,
    Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno,
    2016.



    Lecture d’Angèle Paoli




    « JE NE CESSERAI D’ÉCLORE QUE POUR CESSER DE VIVRE » (COLETTE)



    Qu’est-ce que vous racontez là ?

    — Un conte.

    — Ce n’est donc pas une histoire vraie.

    — Pourquoi ?

    — Ce n’est pas vraiment arrivé.

    — Mais si.

    — Alors Le Petit Chaperon rouge ?

    — C’est une histoire vraie.

    — Comment le savez-vous ?

    — C’était moi. J’ai eu très peur.

    Ce moment de dialogue aurait pu figurer sous la plume de Marguerite Duras. Ou dans le dernier ouvrage d’Ariane Dreyfus. Le Dernier Livre des enfants. On pourrait, par exemple, le retrouver dans la bouche de Victor et de Luna. Et pourtant non. Il est emprunté à Guillevic, cité par la poète dans son précédent opus anthologique, Moi aussi, paru en 2015 aux éditions LD (Les Découvreurs) mais aussi dans Une Lampe allumée si souvent dans l’ombre, publié en 2012 chez Corti. C’est dire s’il y a chez Ariane Dreyfus continuité d’inspiration d’un recueil à l’autre. Une continuité qui passe par une harmonie constante entre livres et enfants ; laquelle est portée par une voix reconnaissable entre toutes, une musique singulière qui puise au plus profond de notre terreau commun que façonnent les contes anciens et notre Histoire.

    Ariane Dreyfus aime les histoires. Elle aime aussi les enfants. Elle aime les chats. Les enfants et leurs aventures, les chats et leur présence solitaire. Elle aime l’amour. Elle aime raconter. Elle aime les mots. Elle aime les livres. Ceux qui ont marqué son enfance, ceux sur lesquels elle travaille, en classe, avec ses élèves. Ceux des autres. Ils peuplent et habitent les siens. Elle ne s’en cache pas. Au contraire, elle les cite, elle les invite à sa table d’écriture. Et elle est aussi une grande cinéphile. Tout cela, qui est présent dans l’ensemble de ses recueils, l’est aussi dans Le Dernier Livre des enfants, qui tisse avec les œuvres de référence un réseau serré d’allusions et de correspondances. Tout cela fait sens et constitue l’œuvre d’Ariane Dreyfus. De 1993 à aujourd’hui.

    La poète aime écrire.

    « Des éclats sauvés de moi sont jetés

    En écriture

    Chaque mot roule contre le corps d’un autre

    Le ciel, aussi, entre deux branches ouvertes… »

    Elle aime par-dessus tout la poésie qui est « action visant à nous rendre à nous-mêmes un peu plus habitables ».

    La particularité de son dernier recueil est qu’il s’ouvre sur un aphorisme : « J’écris parce que je vais disparaître ». Tout au long de l’ouvrage, la poète va décliner ce vers selon des variantes multiples venues de voix multiples, poète et enfants :

    « La nuit je pense à demain pour ne pas mourir. Rayane » […]

    « On se réveille tous les jours à tous les instants pour ne pas mourir. Patrick Dubost » […]

    « Toute phrase contient un verbe pour ne pas mourir. Je ne suis jamais loin de la personne que j’aime pour ne pas mourir, dit Loïc. » […]

    « Aujourd’hui est un jour parfait pour ne pas mourir. Patrick Dubost » […]

    « Poésie : un bracelet pour ne pas disparaître. Ian »

    D’autres voix encore émaillent le recueil : celles de Marie, de Hugo, de Maxime, de Laura, d’Hortense, de Marin, de Sonia. Ian et Sonia, à nouveau. Celles aussi d’autres poètes, cités en exergue. Colette, János Pilinsky, Frank Venaille. Voici d’ailleurs un extrait de la citation proposée par Ariane Dreyfus :

    « Les poèmes sont comme des frères orphelins qui appellent leur père dans la nuit… »

    Ces variations sont autant de cailloux semés à travers les poèmes pour affronter la solitude et traverser la mort à cloche-pied. Il suffit de les suivre d’une section à l’autre (il y en a cinq au total) pour trouver un chemin de lecture et qu’agisse le vertige d’une « émotion [qui] ne dit pas “je” » (Gilles Deleuze) :

    « Ce sont des lumières que je vous raconte, de simples lumières. »

    Ariane Dreyfus écrit. Afin que « la mort ne voie rien ». Elle écrit des poèmes qui racontent des histoires. Des histoires d’hier et d’aujourd’hui, inspirées par des films ou par des romans. Ainsi de l’épopée maritime d’Emily, pleine de périls et de rebondissements, qui se déroule en onze épisodes et en pleine mer. Avec elle, tous les enfants qui occupent les devants de la scène d’Un cyclone de la Jamaïque (un roman de Richard Hughes, 1929 ; adapté au cinéma par Alexander Mackendrick, 1965).

    « Chacun pousse un cri qui entre

    Dans le cri d’un autre et devient un royaume. »

    Et même si les pirates sont là

    « Assis pour recoudre les voiles », Emily, elle, continue de faire comme si de rien n’était :

    « Elle fait danser sa langue

    l’air de rien

    Pour faire jouer l’enfermée vivante

    Qui ferait toc toc toc… »

    Et Ariane de conclure, philosophe :

    « Même sans être engloutis par l’océan on sera engloutis. »

    Il y a aussi, inspirés par Danse avec les loups de Kevin Costner (1990), les poèmes-aventure d’une jeune Indienne sauvée par le « fils du chef » et cette conclusion énigmatique d’Ariane Dreyfus dans « L’un d’eux » :

    « Et moi, en écrivant, je ne quitte personne

    Par où je passe »

    Et plus loin, dans « 17 ans tous les deux », ce très beau vers qui relie entre eux temps, espace et méditation :

    « Chaque instant est un creux où il aime réfléchir. »

    D’autres personnages peuplent la poésie d’Ariane Dreyfus. Dans le poème « Sans regrets » — et son décasyllabe nervalien « avec des bords que le soleil rosit » —, ce sont les adolescents Victor et Luna du film d’Alix Delaporte, Le Dernier Coup de marteau (2014). Dans « La Campagne », poème inspiré par Pauline et François (Renaud Fély, 2010), le deuil de Pauline est introduit par ces vers d’ouverture à l’autre et d’apaisement :

    « Ouvre la maison, entre

    La lumière du jour

    Découvre qu’on ne pleure pas

    Sur la neige intérieure

    Les murs nus la laissent entrer

    Dedans, les choses ont cette façon de nous attendre

    De ne pas juger d’une douleur ».

    Il n’est nullement possible d’ajouter quoi que ce soit sans risquer d’abîmer ce qui est perfection.

    Le poème d’ouverture du recueil, tout en étant très différent par le sujet traité et par l’époque dans laquelle il s’inscrit, donne cependant le ton, qui est celui d’Ariane Dreyfus, à la fois sérieux et ludique. Sérieux et débordant d’une fraîcheur malicieuse d’enfant.

    Intitulé « Sans rien déranger du monde », ce poème a été écrit à partir d’une présentation faite par Ludovic Degroote au Musée des Beaux-Arts de Lille. Autour du Festin d’Hérode. L’œuvre présentée étant un bas-relief en marbre du sculpteur italien Donatello (XVe siècle). Ce long poème évoque Salomé dansant, mais il met aussi l’accent sur un enfant endormi au bas du grand escalier derrière lequel se déroule la scène. L’enfant, las de contempler la danseuse et ses ondulations ophidiennes et marines, s’est endormi :

    « Ses bras sont repliés, il y presse sa joue et son ventre

    Salomé danse encore, elle passe sous le grand escalier,

    mais l’enfant qui s’y est posé pour dormir

    Sur sa joue sans rien déranger du monde

    Fait un geste plus vrai… »

    Poursuivant son cheminement, la poète s’interroge sur le devenir de l’œuvre qui laisse entrevoir une fissure en haut de l’escalier, preuve que le bas-relief est en train de se détériorer. Mais la fente ainsi ménagée permet à un oiseau de passer. L’escalier prend soudain toute sa grandeur, toute sa force, toute sa luminosité. Et la poète de conclure, à la fois malicieuse et remplie d’une impatience enfantine :

    « Si j’étais là, toutes les marches

    Je les monterais pour aller voir

    Et même y poser mon menton

    Ce qu’il y a dans le beau trou d’oiseau

    Son écorchure

    L’air déjà refroidit mon visage

    Je veux regarder dehors ! »

    Le Dernier Livre des enfants se clôt sur une partie dite « Annexe » qui reprend « Un chantier de poème » déjà présenté dans Poezibao. « Un poème contre l’excision ». Un poème qui dit le combat mené par Ariane Dreyfus. « Le chantier » retrace les épisodes de création et de réflexion, les strates des brouillons et des différentes versions du poème. On assiste au travail de l’écriture et aux états successifs du poème. On retrouve le poème dans sa version définitive dans la seconde section du recueil. À partir d’une infime douleur passagère — « une brûlure me passe entre les cuisses » —, Ariane Dreyfus imagine ce que peut être la douleur infligée aux jeunes filles que l’on soumet à l’acte barbare et cruel qu’est l’excision. Intitulé « Un soir d’été », le poème, tout en contrastes, retrace en quelques vers une scène d’excision. La poète conclut son évocation par ces vers où s’expriment sa volonté et l’affirmation de son combat pour sauvegarder son intégrité de femme et pour préserver sa liberté :

    « J’ouvre encore l’armoire

    Pas pour regarder dedans

    Mais pour ne plus bouger

    Ou bouger

    Puisque c’est comme je veux,

    Même nue, c’est comme je veux ».

    Le Dernier Livre des enfants recèle bien d’autres surprises. Ainsi cet hommage au poète Pierre Garnier dans la section intitulée Poèmes pour que l’air passe.

    Par-delà tout ce que l’on peut vivre en lisant Le Dernier Livre des enfants, il y a la poésie d’Ariane Dreyfus, qui surgit comme une eau pure dans le labyrinthe des histoires. Le recueil regorge de pépites qui étonnent ; qui ravissent et sidèrent. Ainsi ces vers cueillis au hasard en feuilletant l’ouvrage :

    « On ne rentre pas dans la mort on y disparait »

    ou

    « Le ruban noir s’envole,

    il remue au-dessus du visage

    Ses courbes aiment le vide généreux du ciel »

    ou bien :

    « C’est beau un visage

    Quand la tristesse n’arrive pas à se poser »

    ou encore :

    « Suis-je consciente d’être un papillon quelque part ? »

    Papillon, mouette, chat enlové au creux des courbes, Ariane Dreyfus est tout cela à la fois. Mouvante émouvante, elle bouge avec les mots, elle fait bouger les mots pour nous, elle bouge avec ceux qu’elle aime. Elle aime la vie, elle aime l’autre qu’elle côtoie et qu’elle regarde avec tendresse.

    À Colette — sa passion pour Colette — (cf. « Le cri chanté » in La Lampe allumée si souvent dans l’ombre) qui écrit dans Le Blé en herbe :

    « Je ne cesserai d’éclore que pour cesser de vivre »

    Ariane Dreyfus répond en un écho qui souligne la parfaite enharmonie avec la grande romancière :

    « Je ne cesserai d’éclore que pour cesser de vivre ».

    Gageons qu’il y aura bien d’autres livres après Le Dernier Livre des enfants. Parce que l’écriture est une nécessité et qu’elle « peut faire de la vie quelque chose de vertigineux, l’air de rien », écrit Ariane Dreyfus dans La Lampe allumée si souvent dans l’ombre. Le vertige, ici, celui que suscite l’écriture de la poète, est de l’ordre de la beauté et de l’énigme. Non pas une beauté figée et hiératique, mais une beauté mouvante, qui respire et qui se meut, dans sa complexité, au-delà des apparences.

    « La beauté, je la laisse s’écarter

    Est beau ce qui respire. Est belle.

    À partir de l’évidence, c’est compliqué un reflet :

    Un surcroît d’existence, mais la même,

    Une solitude qui commence à la racine. »



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Ariane Dreyfus.jpg 2






    ARIANE DREYFUS


    Ariane-dreyfus
    © D. Pruvot/Flammarion
    Source





    ■ Ariane Dreyfus
    sur Terres de femmes


    En sens inverse (poème extrait des Compagnies silencieuses)
    [J’écris parce que je vais disparaître] (extrait du Dernier Livre des enfants)
    Anatomie (extrait de Moi aussi)
    L’Inhabitable (note de lecture d’AP)
    Épilogue (poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La nuit commence (autre poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La Lampe allumée si souvent dans l’ombre (note de lecture de Matthieu Gosztola)(+ L’Amour 1 dans sa graphie originelle)
    Nous nous attendons (note de lecture de Tristan Hordé)
    « C’est tout mouillé » (poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    « Je suis en train d’oublier son visage » (autre poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    Sophie ou la vie élastique (lecture d’AP)
    Le beau tapis (poème extrait du recueil Sophie ou la vie élastique)
    (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) SAMI (poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    Un recoin dans un coin (autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Ariane Dreyfus (+ un autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Ariane Dreyfus
    → (sur YouTube)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (France Culture, 29 décembre 2001)
    → (sur le site de France Culture)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Ça rime à quoi ? de Sophie Nauleau (30 octobre 2010)
    → (sur le site de France Culture)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (19 mars 2013)






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  • Ariane Dreyfus | [J’écris parce que je vais disparaître]




    [J’ÉCRIS PARCE QUE JE VAIS DISPARAÎTRE]




    J’écris parce que je vais disparaître

    C’était là,
    Ma fille assise dans l’escalier, je la regarde entre les barreaux
    Ne bouge pas
    J’aime continuer

    L’importance de se regarder
    Sans doute
    Le visage en veut un autre

    Les tout petits, ne plus rien dire

    Ainsi la nuit si j’entends le chat manger enfin,
    Lui si maigre, je sais qu’il bouge son menton aux os fins
    Il a besoin de manger, nous oubliant
    Pendant que la nourriture craque entre ses dents

    Les craquements, si on voulait, on saurait où c’est
    Passer entre les barreaux, les frôler
    Sans se faire peur
    Surtout quand un animal tourne sa tête, hésite,
    Puis retourne à son bol où il reste de la solitude




    Ariane Dreyfus, Le Dernier Livre des enfants, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2016, page 9.






    Ariane Dreyfus.jpg 2






    ARIANE DREYFUS


    Ariane Dreyfus
    Image, G.AdC




    ■ Ariane Dreyfus
    sur Terres de femmes


    En sens inverse (poème extrait des Compagnies silencieuses)
    Anatomie (extrait de Moi aussi)
    Le Dernier Livre des enfants (lecture d’AP)
    L’Inhabitable (note de lecture d’AP)
    Épilogue (poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La nuit commence (autre poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La Lampe allumée si souvent dans l’ombre (note de lecture de Matthieu Gosztola)(+ L’Amour 1 dans sa graphie originelle)
    Nous nous attendons (note de lecture de Tristan Hordé)
    « C’est tout mouillé » (poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    « Je suis en train d’oublier son visage » (autre poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    Sophie ou la vie élastique (lecture d’AP)
    Le beau tapis (poème extrait du recueil Sophie ou la vie élastique)
    (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) SAMI (poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    Un recoin dans un coin (autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
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    le Portrait d’Ariane Dreyfus (+ un autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)




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    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Ariane Dreyfus
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    Ariane Dreyfus dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (France Culture, 29 décembre 2001)
    → (sur le site de France Culture)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Ça rime à quoi ? de Sophie Nauleau (30 octobre 2010)
    → (sur le site de France Culture)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (19 mars 2013)






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