Étiquette : Yves Ughes


  • Rienzi Crusz | Élégie pour le père de l’Homme-Soleil



    Le modulor de Le Corbusier  tu marchais sans effort du même pas qu’Euclide et Pythagore
    Image, G.AdC







    ÉLÉGIE POUR LE PÈRE DE L’HOMME-SOLEIL




    Père,
    tu étais un grand mathématicien,
    tu aimais Dieu et le fruit du jambu*.




    Comment, moi, enfant, pourrais-je
    tracer seulement une tangente
    à tes géométries parfaites,
    les vastes après-midi de ton esprit
    où tu marchais sans effort
    du même pas qu’Euclide et Pythagore ?




    Et comment saurais-je composer
    cette prière mathématique
    que fut ta vie, ta quête
    de l’équation ultime,
    ce quelque chose qui copulait
    du ciel à la terre,
    de la terre au ciel ?




    Je sais. Je vais prendre mes pastels
    et tracer une tangente parfaite
    juste au bout de ta langue :
    ah, le fruit du jambu !
    Avec quels frissons je secouais l’arbre,
    et toi et moi
    partagions la pulpe douce
    dont rêvait notre bouche.




    Rienzi Crusz, L’Amour là où les nuits sont vertes, Éditions de L’Amourier, Fonds Poésie, 2014, pp. 57-58. Traduit de l’anglais (Canada) par Isabelle Métral. Avant-dire par Yves Ughes.





    __________________________________________
    * jambu : syzygium samarangense, ou jambousier rouge, de la famille des myrtacées, au feuillage persistant, aux fruits rose à rouge vif, croquants et juteux, en forme de petites poires. C’est l’arbre sous lequel le prince Siddhartha méditait avant de renoncer à sa vie princière pour devenir le Bouddha Gautama, fondateur d’une communauté de moines errants, « le bouddha pur et parfait que certains croient avoir été téléporté instantanément au Sri Lanka.







    Rienzi Crusz, L'Amour là où les nuits sont vertes







    ■ Voir aussi ▼

    → (sur poets.ca)
    une notice bio-bibliographique sur Rienzi Crusz
    → (sur le site de L’Amourier éditions)
    une page sur L’Amour là où les nuits sont vertes de Rienzi Crusz





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  • Yves Ughes | [j’entrais enfin dans l’ordalie des cigales]


    Lérins
    « et comment l’horizon pourrait-il se courber plus »
    Ph. D.R.







    [J’ENTRAIS ENFIN DANS L’ORDALIE DES CIGALES]



    j’entrais enfin dans l’ordalie des cigales par l’action de leurs arbres
    l’île poussait son avantage d’expansion jusqu’à la ville



    je me trouvais dans l’épaisseur d’un peuple aux diphtongues ouvertes et aux mains heureuses



    sur ces plages des hanches précaires encore s’aménageaient entre toi et moi mes mains cherchaient pourtant dans les interstices du rocher les griffures de la mort qui demeurent comme arapèdes sur la fracture des cartilages chaque marche ici gravie est montée vers une Jérusalem totalement dénudée
    et sous les pas poudreux ces aiguilles de pins qui bientôt seront serties en couronnes
    non loin de là des blocs de rochers se détachent en deux mots et s’en vont
    arasant le sens et les lèvres



    je suis maintenant me trouve désormais
    avec ces pins pliés qui bavent au ras des flots
    sur une mer toujours plus vivace
    et comment l’horizon pourrait-il se courber plus
    cette mer aux embruns d’eucalyptus noue enfin ses racines dans les échancrures claires des collines
    et dans le roulis de tes mèches marines je me noie pour me refaire sans haine



    soudainement les vagues se mettent à danser comme chiens et chèvres
    d’un pays en paix



    le déhanchement des flots s’accomplit jusqu’en haut des robes vaporeuses
    là où le soleil tombe dans la réconciliation acquise des oliviers



    mon suicide m’a nié
    nettoyée sont les algues vertes des tripes et je suis simplement heureux de te voir solaire femme traversière effritant les diagonales de la mer




    Yves Ughes, Capharnaüm. Douze stations de Judas, L’Amourier éditions, Collection Fonds poésie dirigée par Alain Freixe, 2010, pp. 69-70.





    YVES UGHES


    Ughes




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de L’amourier éditions)
    la fiche de l’éditeur sur Capharnaüm de Yves Ughes
    → (dans la revue Basilic n° 36 de septembre 2010)
    un entretien avec Michaël Glück et Yves Ughes : « Autour de Judas »
    → (sur Terres de femmes)
    Michaël Glück, L’Enceinte


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  • Alain Freixe, Yves Ughes, Daniel Schmitt


    | trois poètes au Comptoir des Poètes
    du
    Scriptorium de Marseille |


    Agenda culturel



    Dans le cadre du Comptoir des Poètes,



    LE SCRIPTORIUM



    vous invite à venir partager un temps de rencontre-lecture



    avec



    Alain Freixe, Yves Ughes et Daniel Schmitt



    le samedi 18 FÉVRIER 2012 à 18h00

    à la salle Tempo-Sylvabelle à Marseille

    (69-71, rue Sylvabelle, 13006 Marseille)


    ― ENTRÉE LIBRE ―






    Affiche cdp18fev_web (1)





         Alain Freixe, Yves Ughes et Daniel Schmitt, trois poètes de la région de Grasse qui animent l’association PODIO, trois voix méditerranéennes à découvrir qui, livre après livre, affirment leur singularité et témoignent de leur engagement poétique.

         Selon la pratique du Comptoir des Poètes, les auteurs et artistes du Scriptorium feront écho aux voix de ces trois poètes dans la deuxième partie de cette rencontre, avec pour thème retenu celui des Commencements.

         Premiers mots, découvertes des paysages, annonces des mondes rencontrés : autant de façons d’inviter à voir surgir ce qui vit à l’état de promesse. Le poème d’un seul tenant avec le plaisir de ce qui advient.








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