Étiquette : Zoé Valdés


  • 2 mai 1959 | Naissance de Zoé Valdés

    Éphéméride culturelle à rebours


        Le 2 mai 1959 naît à La Havane (Cuba) Zoé Valdés. Poète, romancière et scénariste, Zoé Valdés a reçu en Espagne le prix Fernando Lara pour son roman Louves de merLobas de mar — publié en 2005 aux Éditions Gallimard.






    Zo_valds
    Ph., G.AdC







    EXTRAIT de LOUVES DE MER



        Elle essuya sa bouche en tamponnant de sa serviette les commissures de ses lèvres ; puis elle se leva de table, vida sa coupe en faisant cul sec, et se dirigea vers Ann Bonny. Se regardant enfin au fond des yeux, elles s’enlacèrent en une sculpturale étreinte, qui culmina par un long baiser passionné. Peu à peu elles avancèrent vers le lit, se dépouillant de ce presque rien qui les habillait. Elles se couchèrent sans cesser de se lécher la bouche, le cou, les seins, le ventre, les cuisses, les jambes, la vulve. Le pirate commençait à devenir nerveux quand Ann réclama sa présence à voix basse et sensuelle, alors il alla s’étendre près des deux femmes, au bord du matelas moelleux fourré de plumes d’oie. Ann passa par-dessus le corps de l’homme, l’incitant à se tenir entre Mary et elle. Calicot Jack n’eut qu’à se laisser aller et guider par la fantaisie des femmes, il tournait la tête vers Ann et recevait un baiser de feu, tandis qu’elle conduisait la main de Mary en un parcours caressant des promontoires érotisés du corps masculin ; tous trois excités à force de roucouler et de se frotter. Puis il se retournait vers Mary, qui répondait alors en mêlant sa langue serpentine à la sienne. Les sexes palpitaient humides, baveux, et le sien vibrait, dur et dressé, après qu’il eut retiré son caleçon rouge de coton à rayures noires, une exclusivité qui faisait sensation auprès de l’élite féminine des îles alentour. Ann s’empara de ce yucca juteux pour en brosser la glissante orchidée noire, après quoi elle passa le relais à son amie qui, se plaçant dessous, feignit la passivité. C’est alors que le pirate prit l’initiative et pénétra l’étroit orifice vibratile. Ils passèrent trois jours et trois nuits absents au monde, car vivre sur l’océan les condamnait à l’exil perpétuel de toute terre, de tout pays, voire l’exil intérieur. À partir de ce moment ils ne se séparèrent plus, le désir éphémère devint le désir éternel.


    Zoé Valdés, Louves de mer, Editions Gallimard, Collection Du monde entier, 2005, pp. 174-175. Roman traduit de l’espagnol (Cuba) par Albert Bensoussan.





    ■ Zoé Valdés
    sur Terres de femmes

    Zoé Valdés, la louve de Cuba (note de lecture d’AP sur Louves de mer)
    Chasteté, chasteté
    Portrait de la femme qui ne sait que faire de sa vie
    Zoé Valdés | Paquita Valdès (billet d’AP)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    Portrait de Zoé Valdés



    ■ Voir aussi ▼

    le Portrait photographique de Zoé Valdés sur le site d’Olivier Roller





    Retour au répertoire de mai 2008
    Retour à l’ index de l’éphéméride culturelle
    Retour à l’ index des auteurs

    » Retour Incipit de Terres de femmes