À l’aplomb du mur blanc



Autoportrait__a_l_echarpe
Ph., G.AdC







À L’APLOMB DU MUR BLANC


Pas un crayon ici pas une lime pas
une lame seulement des
mots sans rime            en attente
de déraison — attente
veillée entrecoupée de
sommeil sans rêve ombres au bord
des voix diffuses dans le feu
attente — de réveil — enroulée je dessine
les cercles du matin dans la lumière blonde
funambule des deux rives du temps
couchée à même le sol
onglet du mètre — en attente de —
sa hauteur 34 fois 6
2 fois 17
éclairages sur rampe


l’araignée du soir
divague à l’aplomb
du mur blanc


porte étroite fermée
sur sa transparence (même)
rumeur sombre mugissement des vagues
encre minérale ciel — Ô — noire
toute chose dérobée invisible
vaste vaisseau de nuit              en attente d’étoiles
éclats diffractés dans la flamme
le froid me prend au rebours du réveil
bris de mots avalés par le feu


Au matin les derniers brûlages de l’hiver
montent dans l’air enneigé du
printemps.




Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli




Note : le texte ci-dessus a fait l’objet d’un livre d’artiste illustré et réalisé par Véronique Agostini (juin 2008).



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Commentaires

  1. Avatar de Leila Zhour

    J’ai connu, quand j’étais au Lycée, une jeune fille répondant au nom de Pascale Paoli. Elle était dyslexique, gauchère contrariée et avait d’énormes difficultés en français, comme on peut s’en douter.
    Notre prof de seconde et première s’était prise d’affection pour cette fille discrète et fine. Elle l’encourageait à écrire de manière automatique, pour briser sa peur de la page blanche.
    Je partageais en partie ces jeux d’écriture avec elle et nous avions (ré-)inventé le principe des codex de vinci : nous écrivions à l’envers.
    Je vous raconte cela car les textes de Pascale, s’ils étaient loin d’être aussi accomplis que votre poésie, cela va de soi, avaient malgré tout cette même tendance à associer les idées autant par le fait de la pensée que de la sonorité. Les idées et les images s’enlaçaient et s’entrecroisaient, créant comme dans ce texte des cascades.
    Certains de ses presque-poèmes écrits ainsi pendant nos heures de perm (et retranscrits à l’endroit par moi ou d’autres!) avaient été lus en classe par la prof, laquelle entendait ainsi nous démontrer que les difficultés en orthographe, syntaxe, etc., n’avaient pas grand-chose à voir avec les qualités de la personne, y compris des qualités littéraires.
    Bien à vous…

  2. Avatar de Martine

    quel aplomb de texte…., il me fait penser à une gnossienne de Satie…., musical, calme, accents contemporains, associations étonnantes, ourlé d’un brin de solitude mélancolique qui emplit un non-lieu ou un songe……………
    je t’embrasse Angèle

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