Claude Ber | Je dis mer

«  Poésie d’un jour  »



Je_te_donne_mer_tu_me_donnes_bahr
Ph., G.AdC







JE DIS MER


Découpe 16


Je dis mer. La mer dit bahr. Elle dit sama ciel bahr mer. Et tangue. Entre deux bleus. Entre deux langues. Ici où la rime se nomme océan. Bahr, cette mer étrangère avec son sourcil de vague tâtant la terre de son œil. Scrutant l’entier de la terre de cet œil qui avance. Puis rétracte sa pupille. Se retire dans son cœur de mer. Et bat mer bahr mer bahr. Puis revient à grands ourlets de lèvres blanches. Se plisse. Enfle. Roule enroule à terre entre ses dents d’écume successive. Bahr, elle se nomme bahr. Et moi je ne suis plus moi mais ana. Ana sous ce ciel où la nuit tombe comme une main qui se retourne. Et ma main se retourne avec lui. Yed main sama ciel. Main double à deux mers et à deux mains. Je te donne mer, tu me donnes bahr. Donne-moi un mot cela seulement qui se donne sans se perdre. Et nous aurons chacun deux mots en main. Deux mains en mot. La mer comme une main et les mains aussi libres et larges que la mer. Main bahr yed mer.



Claude Ber, La mort n’est jamais comme, Ed. Via Valeriano-Léo Scheer, 2003 ; rééd. éditions de l’Amandier, 2006, page 54. Rééd. éditions Bruno Doucey, Collection Soleil noir, 2019. Prix international de la poésie francophone Ivan Goll 2004.






Claude Ber  La-mort-n’est-jamais-comme




CLAUDE BER


Claude-BER  ©-Adrienne-Arth NB
Ph.© Adrienne Arth
Source




■ Claude Ber
sur Terres de femmes


Épître Langue Louve (note de lecture d’AP)
Il y a des choses que non (note de lecture d’AP)
In memoriam (extrait d’Épître Langue Louve)
La mort n’est jamais comme (note de lecture d’AP)
Les mots, le vent, les herbes racontent (extrait de Mues)
Sinon la transparence (extrait du recueil Sinon la transparence)
[Toujours la langue veut dire] (extrait du recueil Il y a des choses que non)
Vues de vaches (note de lecture d’AP)
Claude Ber, Pierre Dubrunquez, L’Inachevé de soi (note de lecture)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
le miel à la bouche




■ Voir aussi ▼


le site de l’écrivain Claude Ber





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Commentaires

  1. Avatar de Viviane

    j’aime beaucoup
    langue neuve terre
    salée de visages
    la voix le chant
    enroulés turban

  2. Avatar de Tubal
    Tubal

    Oui, c’est pas mal, je dois dire, on sent les gens qui sont libres de leur création, à qui on autorise un si précieux espace de liberté. Mais qui sait, peut-être sommes-nous revenus à l’époque de Villon ? La poésie y survivra, donc.

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