Auxeméry | la mort des êtres…

«  Poésie d’un jour  »



Nous nous rassasierons de ce feu aigre
Ph., G.AdC







la mort des êtres…



la mort des êtres dénoue

une eau lâche les nourrit ―

la mort dissout les êtres

ce feu acerbe les rassasie ―

           quand nous irons sous le ciel
           parcourir les longues plaines

           nous aurons en tête les cavales
           & les ombres de leurs maîtres ―

danseurs

           sur la steppe courent encore
           les chevaux cousins du vent

                                         :

           nous boirons cette eau lâche qui corrompt
           nous nous rassasierons de ce feu aigre

                           nous serons déliés




Jean-Paul Auxeméry, Les Animaux industrieux, volumen, Collection Poésie/Flammarion, 2007, page 105.





AUXEMÉRY


Auxemery
Source



■ Jean-Paul Auxeméry
sur Terres de femmes) ▼

petits animaux
tes haillons, bonhomme… (extrait de Failles/traces)





Retour au répertoire du numéro de décembre 2008
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

  1. Avatar de Christiane
    Christiane

    Etrange poésie d’une écriture qui m’est révélée par « ce feu acerbe » des mots dissous dans « l’eau lâche » de l’absence… Suivre les petits cailloux semés par Angèle, et dans les liens, par Florence, pour rencontrer Jean-Paul Auxeméry.
    Pour lui, quelques mots de plumes tendres, celles qui tombent des silences, des tendresses qui renouent les eaux primales de l’amour, qui recueillent les feux errants pour ensemencer la nuit froide et son cortège de soupirs. Pour lui, un chant d’aurore et de tendresse vigilante. Elles sont là ces bouches orantes, toutes douceurs accordées…

  2. Avatar de agnès
    agnès

    « la mort dissout les êtres »
    Pas que la mort… ou alors toute absence est une mort… :-/

  3. Avatar de angelepaoli

    Agnès, je vois que tu tentes une percée au-delà de l’absence. Ce dont tes mots parlent, je l’ai vécu au plus près, au plus profond. Je connais la douceur qu’il y a à se laisser mourir dans le silence.

    Christiane, la poésie d’Auxeméry est une poésie étrange ! Poésie « primipare », totémique, propitiatoire ! A lire dans le silence de la nuit pour permettre aux grandes voix animales de lancer leur rut vers les étoiles ! Et aux mythes de nous donner à lire leur langage crypté !

Répondre à angelepaoli Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *