Luis Felipe Fabre, Une saison dans le Mictlan

«  Poésie d’un jour  »





Una calavera junto a otra calavera junto a otra calavera sobre otra calavera junto a otra calavera junto a otra calavera sobre otra calavera
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II

(Xochicuicatl*)



Una flor: abierta como una boca diciendo abierta: un canto.

Otra flor pero la misma flor pero marchita : no dos,
no tres : sólo un instante, sólo un colibrí
dura el hombre aquí en la tierra.

Una calavera junto a otra calavera junto a otra calavera sobre
otra calavera junto a otra calavera junto a otra calavera sobre
otra calavera junto a otra: estrofa-tzompantli.

Una pregunta a los muertos:
¿Al canto le sigue el silencio o le sigue otro canto?

Otro canto: el silencio de los muertos: otra flor
pero la misma flor pero otra
calavera, etcétera.





II

(Xochicuicatl)



Une fleur : ouverte comme une bouche disant ouverte : un chant.

Une autre fleur mais la même fleur mais fanée ; pas deux,
pas trois, un instant seulement, le temps d’un colibri
dure l’homme ici sur la terre.

Un crâne près d’un autre crâne près d’un autre crâne sur
un autre crâne près d’un autre crâne près d’un autre crâne sur
un autre crâne près d’une autre strophe-tzompantli.

Une question aux morts :
Le silence suit-il le chant ou est-ce un autre chant ?

Un autre chant : le silence des morts : une autre fleur
mais la fleur mais un autre
crâne et cœtera.

Luis Felipe Fabre, Una temporada en el Mictlán [Une saison dans le Mictlan], Mantarraya Ediciones, 2003 ; traduction française in Revue Europe, « Poètes du Mexique », janvier-février 2009, page 276. Traduit de l’espagnol par Bernard Lesfargues.



* Xochicuicatl signifie “chant de fleurs” en nahuatl, langue précolombienne du Mexique. Xochicuicatl est aussi un genre de poésie aztèque.





NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE

    Luis Felipe Fabre est né à Mexico en 1974. Docteur ès-lettres hispano-américaines de l’Université ibéro-américaine (Mexique) et de l’Université de Salamanque (Espagne), il a publié plusieurs recueils de poèmes dont Vida quieta (ICCM – Parque Lira, 2000), Una temporada en el Mictlán (Mantarraya Ediciones, 2003) et Cabaret Provenza (Fondo de Cultura Económica, Collection Centzontle, 2007). Il est également l’auteur d’une anthologie de la nouvelle poésie mexicaine (Divino Tesoro. Muestra de nueva poesía mexicana , Libros de la Meseta, 2008) et d’un essai sur le thème de l’incomplétude, du vide et de l’absence en poésie (Leyendo agujeros, Ensayos sobre (des)escritura, antiescritura y no escritura, Fondo Editorial Tierra Adentro, 2005). En 1995, Luis Felipe Fabre a obtenu le Prix Poésie de la revue Punto de partida. Une anthologie de ses poèmes, traduits en anglais par Jason Stumpf, The Moon Ain´t Nothing But A Broken Dish, a été publiée par Achiote Press (Berkeley, Californie) en juillet 2008.






LUIS FELIPE FABRE

Luis Felipe Fabre
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Voir aussi :
– (sur La nueva poesía mexicana) La luz que va dando nombre (10 juillet 2008) ;
– (sur YouTube) Luis Felipe Fabre lisant trois poèmes extraits d’Une saison dans le Mictlan : I. Nezahualcoyotl dixit ; II. Xochicuicatl [poème ci-dessus] ; III. Codex Ximohuayan (1er novembre 2007. Atrio de San Jerónimo, Centro Histórico de la Ciudad de México). Luis Felipe Fabre a aussi lu ces poèmes au festival de poésie latino-américaine « Latinale » de Berlin (15-22 novembre 2008).







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Commentaires

  1. Avatar de Pascale A.
    Pascale A.

    Il est encore très réussi, ce numéro d’Europe, que je viens de finir…

  2. Avatar de johal

    Colibri posé sur la nature morte, brise de vanité. Vie.
    La revue Europe, noté et merci.

  3. Avatar de Christiane
    Christiane

    Pour guider les âmes, lors du « Dias de los Muertos », les Mexicains font un chemin de pétales de « cempasùchil » de la maison jusqu’au cimetière. Dans cet étrange poème, les fleurs, les chants , les crânes des ancêtres relient les défunts et les vivants.
    Ces memento mori (« souviens-toi que tu vas mourir ») font, des crânes, le ciel du corps humain, la voûte céleste, à la semblance d’un cerf-volant, leur chant lancé dans le ciel quand on est triste comme au Guatemala proche, le jour des morts…

  4. Avatar de Roland Quilici

    Bonsoir Angèle
    J’ai découvert Terres de femmes, par l’intermédiaire de Double Je, il y a quelque temps.
    Voici qu’Andrée Wizem, fidèle lectrice de Miradas, que je salue au passage, nous propose de venir lire une poésie de Luis Felipe Fabre. Je profite de l’occasion pour vous souhaiter une belle année 2009.
    Pace è Salute à tutti de la part de Roland Quilici, dont les origines paternelles sont de Porto Vecchio !

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