Luis Mizón | La Maison du souffle

«  Poésie d’un jour  »


Il m'attend aussi sur la montagne bleue comme la généalogie de la lumière
Ph., G.AdC







   LA MAISON DU SOUFFLE


               (EXTRAITS)

                       I

Toute pierre digne de ce nom
porte la lumière en soi

la lumière fabrique un œil
là où il n’y a rien
l’œil mord le rien
et le rien crie

patine de silence
farine de larmes
la pierre habitée par le cri
découvre le cœur de l’étincelle
au milieu de sa patience

à coups de pieds à coups de dents
dehors dedans
là où il n’y a rien
il y a quelque chose qui brille

grains de beauté
tâches de rousseur
rides du premier ciel
caresses
du premier rire
du nouveau-né
dans le four d’un lion doré
je ferai un pain de cris
et un pain de rires
car je n’aime que les rêves
que l’on peut partager




                    VI

Notre secret est la surprise
du sel dans la bouche
le goût de l’incendie
le chemin qui trace dans le ciel
le cerf volant
la caresse de la pastèque amoureuse

je lèche la dentelle rouillée
d’une méduse
j’embrasse la bouche du silence

l’horizon abrite le colibri
parole et souffle apprivoisé
il se nourrit dans ma main
il picore de petits mots cassés
dans le jardin infime de la mer

le cri de la mouette se transforme
en signe d’interrogation

au milieu de mon silence
un murmure est venu me chercher
il m’attend sur la plage
il m’attend aussi sur la montagne
bleue
comme la généalogie de la lumière
ou un ami assis près de la mer
devant un verre d’eau-de-vie



Luis Mizón, La Maison du souffle, in « Partage des voix », Autre Sud, septembre 2008, N° 42, pp. 78 et 83.





LUIS  MIZÓN


Luis Mizón
Source



■ Luis Mizón
sur Terres de femmes

[Derrière la garde-robe]
L’exil
Un troupeau de vaguelettes



■ Voir aussi ▼

→ (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Luis Mizón





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Commentaires

  1. Avatar de Alistrid
    Alistrid

    Il me semble que ce sont vos poèmes choisis qui me plaisent le plus, ici.
    « Là où il n’y a rien il y a quelque chose qui brille… « , c’est bien pensé !
    Merci beaucoup Angèle.

  2. Avatar de Christiane
    Christiane

    Oui, c’est un bon pain de mots ce poème. Il s’entend, se goûte, se touche, se mange. Il est murmure, il est cri. Il est l’enfant, il est l’exilé. Il est lumière. Il est pierre, bouche, lèvre, langue. Il est « grain de … beauté »… sur Terres de Femmes et c’est un beau partage.

  3. Avatar de Fanie Vincent
    Fanie Vincent

    Superbe Luis, une maison où chacun retrouve son souffle. « Un murmure est venu me chercher » et je l’ai suivi à l’écoute de tes mots. Merci pour cette respiration poétique. Hasta luego…
    Fanie

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