 Ph., G.AdC
QUE CE LIEU POUR RESTER
(EXTRAIT)
Finalement
tu réduis tout
à presque rien
rien cette poudre qui reste
sur les doigts
ce grand savoir dressant dans ton cerveau
ses murs de cave
tu as
de moins en moins besoin
de ce gros projecteur des livres
de coller à la lumière enfin tranquille de cet arbre
sans nom sans âge
le poids voulu d’une forêt
le brun verdâtre de ses fruits
tu fuis
l’étroite nomenclature des choses du passé
dont tu ne cherches pas à fixer les lignes chiffonnées
rapetasser
tout l’être épars
pour en sentir juste l’approche
impalpable sans mots
*
Ainsi
tu n’auras pas à dire
qui tu es
à préciser
qui te manquait ce jour-là à cette heure
tu n’auras pas à dire
s’il s’agissait d’une soirée pluvieuse
où tu avais trop bu
si tu lisais sans voir un poète chinois …
tu n’as plus de mémoire pour ces choses
qui se mêlent pourtant en toi comme toutes les autres
qui font parfois semblant de te connaître
et puis t’éclairent
au fond
sont ta lanterne sourde
[…]
Georges Guillain, Avec la Terre, au bout, Atelier La Feugraie, 2011, pp. 87-88.

Ph., G.AdC
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