28 juillet 1964 | Inauguration de la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence

Éphéméride culturelle à rebours


Il y a 56 ans, le 28 juillet 1964 (alors que triomphait Ella Fitzgerald au festival de jazz d’Antibes), était inaugurée par André Malraux, ministre des Affaires culturelles, la Fondation Maeght en même temps que la cour et la salle Giacometti de la Fondation. Dans son discours d’inauguration, André Malraux déclare : « Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé autrefois le surnaturel. »



Maeght




Se définissant comme un véritable musée d’art moderne et contemporain, inscrit au cœur de la végétation méditerranéenne et de la nature dont il épouse les formes et déclivités, l’ensemble architectural de la Fondation a été créé et financé par Aimé et Marguerite Maeght. Conçu par l’architecte catalan Josep Lluís Sert et réalisé avec la collaboration de nombreux artistes, cet ensemble muséal combine avec élégance et bonheur, architecture et nature, intérieur et extérieur.

Au cours de ses déambulations, le visiteur découvre les mosaïques murales de Tal-Coat et de Chagall, le labyrinthe de Mirό, le bassin de Braque, le stabile de Calder, la fontaine de Bury ainsi que la cour et la salle Giacometti.

La Fondation Maeght qui abrite l’une des collections les plus prestigieuses d’art moderne du XXe siècle ― peintures et sculptures, dessins et mosaïques de Bonnard à Rebeyrolle, en passant par Braque, Calder, Chagall, Chillida, Giacometti, Léger et Miró ― et d’art contemporain ― Adami, Kelly, Kuroda, Monory, Tàpies et bien d’autres ― propose chaque année de grandes expositions de renommée internationale.






Giacometti à la Fondation Maeght
Ph., G.AdC






    27 juin 2010 : la Fondation Maeght inaugure une nouvelle exposition consacrée à Alberto Giacometti.

46 ans plus tard…

Isabelle Maeght écrit, en avant-propos du catalogue de l’exposition :

« Je n’ai jamais oublié l’accrochage de la salle Giacometti lors de l’inauguration en 1964. Elle me parut immense et que dire de la cour… Je connaissais parfaitement ces œuvres pour les avoir vues, infiniment grandes, quelques mois auparavant, posées sur les murets dans le jardin familial, Alberto les disposant, cherchant la lumière et l’ombre.

Pour cette exposition, j’ai voulu retrouver les impressions premières ressenties il y a 46 ans et pourtant, dans cette exposition, aucune nostalgie, seule l’œuvre compte.

Dans la Fondation rénovée, les œuvres « infiniment grandes » côtoient les œuvres « infiniment petites »… L’espace… Dans le travail de Giacometti, l’important est l’espace entre la sculpture et le spectateur. Là est un des mystères Giacometti, une de ses recherches.

La Fondation a donné des espaces aux artistes, espaces intérieurs, mais également espaces extérieurs. Les œuvres de Giacometti furent installées dans la cour mais, aujourd’hui, pour cette exposition, elles ne sont plus confrontées à la nature mais à d’autres œuvres.

En créant des sculptures de groupes comme La Place, La Forêt constituées d’œuvres, telles qu’elles étaient disposées à l’atelier, Giacometti a voulu restituer le développement de son travail. La première sculpture de 1914, déjà un Portrait de Diego, est confrontée à un Portrait de Diego de 1960 ; les trois petites sculptures Projet pour la Chase Manhattan Bank sont associées aux versions définitives de L’Homme qui marche, Grande femme debout, et Grande tête ainsi qu’à la série des neuf Femme de Venise qui trouvent aussi leur place dans les salles de la Fondation.



La collection de la Fondation a été constituée en accord avec Alberto Giacometti. Les sculptures, mais également les dessins, les essais de gravures, tout cela constitue ses recherches…

Pour Alberto Giacometti ce qui différencie un être vivant d’un crâne c’est le regard… Depuis L’Objet invisible, avec ses yeux en forme de roue, jusqu’à sa dernière œuvre, toute sa vie Alberto Giacometti a cherché et travaillé le regard… Aujourd’hui, c’est mon regard sur Giacometti qui, il y a 46 ans, a posé son regard et ses œuvres, ici, à la Fondation Maeght. »


Isabelle Maeght, Commissaire de l’exposition, Administrateur de la Fondation Maeght, in Giacometti & Maeght, 1946-1966, 2010, page 7.

Giacometti Saint Paul de Vence 2010


Ces photographies ne sont pas à vendre. Toutes œuvres d’Alberto Giacometti sont protégées par le droit d’auteur. © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp) Paris 2021.





■ Alberto Giacometti
sur Terres de femmes


L’Atelier d’Alberto Giacometti (chronique d’Angèle Paoli)
11 janvier 1966 | Mort d’Alberto Giacometti (+ extrait de Tahar Ben Jelloun, Giacometti. La rue d’un seul)
Giaco rue d’Alésia




■ Voir aussi


le site de la Fondation Maeght
→ (sur cuk.ch ) « 
Alberto Giacometti, un Suisse pas comme les autres », par Anne Cuneo





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Commentaires

  1. Avatar de Mth Peyrin

    Cette fondation a de la suite dans les idées. C’est là que j’ai passé mes plus belles journées estivales en compagnie de peintres et de sculpteurs qui n’ont jamais plus quitté ma mémoire. L’image de mon site facebook a été façonnée de visions cueillies dans ce jardin et à Antibes au Musée Picasso en surplomb au-dessus de la mer. Le marcheur de Giacometti a la suprême élégance de suspendre sa marche pour attendre le prochain visiteur et pourtant il est si loin, dans l’éternité d’un horizon vers lequel tendre les bras ne suffit pas…

  2. Avatar de Angèle Paoli

    J’ignorais, MTH, que tu avais côtoyé peintres et sculpteurs à Saint-Paul-de-Vence. C’est sûrement en effet, une expérience précieuse et inestimable !
    Quant à déambuler au milieu de ces personnages énigmatiques, voués à une marche immobile, silencieuse et obstinée, cela emplit le cœur et le corps à la fois de légèreté et de pesanteur. Les deux, combinés ensemble, procurent un sentiment d’ »étonnante étrangeté » en même temps que de familiarité éternelle. Il est impossible d’échapper au trouble que suscitent les hommes qui marchent. Impossible de leur échapper. Tout court. Et c’est bien !

  3. Avatar de christiane
    christiane

    Mth,
    je ne crois pas que l’homme qui marche de Giacometti soit en suspens, il MARCHE vraiment et là est le génie de l’artiste. Si l’oeil va de la jambe arrière à la jambe avant, accrochant au passage l’inclinaison du buste, il MARCHE et c’est époustouflant car insaisissable avec un appareil de photographie.
    Comme ces têtes où il a façonné âprement avec ses doigts des visages, des regards nés d’une orbite d’ombre. Il laisse entre la glaise et nous ce dernier travail à faire par notre regard. Et ainsi le partage est au zénith… ascendance de l’artiste.

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