six août | Georges Guillain, Compris dans le paysage

Éphéméride culturelle à rebours





Il y aurait des jardins 3
Ph. angèlepaoli






SIX AOÛT



hautes herbes
dessous


il y aurait des jardins des fleurs des papillons des murs les gestes
d’autrefois le bleu des fours des torchons épaissis de pâte les noms
aussi des cent vingt neuf mille cinq cent quatre vingt-huit d’entre nous
les hommes brûlés vifs dans leurs rues leurs boutiques les cinémas
leurs chambres et les salles d’attente des cabinets de médecin
les ascenseurs les casernes


figures


où sècherait encore un fragment de la mer devenu sel sur les paupières
de vieux corps épluchés des gestes anciens maternels que rien n’habite
plus pas plus que le corps sans moteur des oiseaux leurs ailes
de goudron au pied des arbres


secs


on se dirait quand même qu’il fait doux qu’on cueillera les prunes
demain six août de bonne heure avant que les étourneaux les pillent


secrètement la mort étalant ses vernis


les flammes de l’été


des ombres
les traversent


montent toujours les escaliers de fer


un paysage autour du grand feuillage combustible jaune durci de faines
sur la tombe de la saison


la pesanteur de leur corps les franchit
d’un mouvement de la jambe
sans écraser


on parle d’elles


visibles transparentes voyant ce rien
qu’est devenu leur geste la façon qu’elles ont eu de pencher
et de courber
avec
sur elles
les branches


le vif et le lent faits ensemble pour le reste de la journée




Georges Guillain, Compris dans le paysage, Éditions Potentille, 2010, pp. 11-12.





GEORGES GUILLAIN


Georges Guillain  portrait





■ Georges Guillain
sur Terres de femmes

[Il n’y a pas de poésie descriptive] (autre extrait de Compris dans le paysage)
Que ce lieu pour rester (extrait d’Avec la terre, au bout)
[Novembrer tout y revient patauger] (autre extrait d’Avec la terre, au bout)
[Voilà que tu es devenu poreux] (autre extrait d’Avec la terre, au bout)
Tant que nous sommes (extrait d’Un bouquet pour les morts)
[Voilà] (extrait de Parmi tout ce qui renverse)



■ Voir aussi ▼

→ (sur Terres de femmes)
Camille Loivier, Il est nuit (lecture de Georges Guillain)
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des Poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Georges Guillain





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Commentaires

  1. Avatar de florence Noël

    Très beau, pétri dans la puissance de la gravité jamais bue, jamais éculée. J’en découvre aussi la force via une chronique de Sylvie Durbec qui sera publiée dans DiptYque 2, fin de l’année.

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