Jean Marc Sourdillon | Au commencement

« Poésie d’un jour »



Ces h-sitations ces b-gaiements
Ph., G.AdC





| AU COMMENCEMENT |



Au commencement
est l’écoulement de l’eau,
l’origine des bruits.

Puis, c’est le pépiement des oiseaux,
le passage du train, le roulement
des voitures.

Tard, bien tard, vient la voix humaine
avec en elle quelque chose
d’enfant encore qui traîne.

Longtemps après, quand le soleil est vers midi,
les mots durs, dans leur découpe sombre
deviennent audibles, avec une voix grave
pour les dire ou le long silence
pour les écrire.
Mais c’est tard. Impossible d’oublier
d’où ils viennent :
ce tremblement clair, dans la gorge, de l’eau,
ces hésitations
ces bégaiements.

Balbuciendo, alors,
tous, même les plus fiers,
balbuciendo, oui balbuciendo
et peut-être même pour quelques-uns,
les meilleurs,
sanglot. Absolument.




Jean Marc Sourdillon, Les Miens de Personne, La Dame d’Onze Heures, Isabelle Raviolo Éditions, 2010, page 19. Lavis de Gilles Sacksick.





JEAN MARC SOURDILLON


Jean-Marc Sourdillon 2
Source




■ Jean Marc Sourdillon
sur Terres de femmes


Comme des frères
[Cet imperceptible oiseau très loin] (extrait de Dix secondes tigre)
[Deux fois l’an, pendant l’été] (extrait d’En vue de naître)
Les Tourterelles (lecture d’AP)
Le milan (extrait de L’Unique Réponse)
On naît (autre poème extrait de L’Unique Réponse)





Retour au répertoire du numéro de novembre 2010
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Comme c’est beau cette naissance de la voix humaine et son cheminement d’eau ! Comme c’est émouvant cette attente de la naissance prodigieuse du langage, de ces mots si difficiles à poser sur toute feuille de mémoire. Patience.
    Ici, sur les terres d’Angèle Paoli, un grand vivier de mots qui s’échappent pour remonter les torrents vers les lieux d’ensemencements, de transmission.
    Et tous, comme farios se mirent dans les photographies de Guidu, immense et silencieux marqueur de l’indicible.
    (La promeneuse au bord du torrent).

  2. Avatar de gmc
    gmc

    MOTS DURS BILLET DOUX
    Le commencement
    En est-il un
    La pluie ne cesse
    Que quand l’oiseau devient fontaine
    Qui pleut à rebours
    Le regard clair
    Et le mollet troublant
    L’étincelle d’un cil
    Au milieu de la brume
    Qui fait jouir la nuit

Répondre à gmc Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *