Laurence Werner David | Aléas

« Poésie d’un jour »



ALÉASSerons-nous ceux-l- - laisser tout ab-me en place



Les marges
qu’on laisse
traînent d’eau
à la ronde en ciel


noir de gris
ces quelques pleurs
que tu ne vois pas
entrer à l’aube
pour je ne sais quand
je ne sais quelle
marée de quadrature
qui disent non au soleil
qui soupirent à la lune


sur nous :
influente moirure ?
estoc où la coque coule ?
ou bien est-ce le regel convulsif
qui sans étreinte
voit revenir sur lui
comme un grillage le fleuve
désormais assoupi ?


Les marges qu’on laisse
au cas où
Détachons-les de l’air humide
Portons-les en deuil en haine
ou en pitié qu’importe la hauteur
où elles se serrent
Usons-les toutes, de suite
Dépouillons leurs patientes pénombres


Derrière
la mine d’eau
Nous, impératifs et secs de raison
siégeons aujourd’hui
aux péninsules côté traverse
sans apprêts
terres mères infuses
où la solide moiteur faillit nous enduire
croupis comme la marge fut longue à être
au centre
et l’autre ― celle « au cas-où »,
longue à sombrer par le fond


Serons-nous ceux-là
à laisser tout abîme en place
alors vraiment proche du présent ?
Ou tout est-il arrangement de l’âme
Jusqu’à l’impulsion de la nostalgie ?





Laurence Werner David, Éperdu par les figures du vent, Obsidiane, 1999, pp. 34-35. Prix de la Vocation 1999.





LAURENCE WERNER DAVID


Laurence Werner David
Ph. © Luc Pâris
Source




■ Laurence Werner David
sur Terres de femmes

À la surface de l’été (note de lecture d’AP)
[Combien de fois…] (poème extrait de Est-ce si loin ?)



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (dans le N° 2 de la revue de littérature Secousse, Éditions Obsidiane, novembre 2010)
Laurence Werner David | Cavaliers de la nuit [fichier PDF]
→ (sur remue.net)
Le langage de l’attachement, par John Taylor (extraits de Paths to Contemporary French Literature, volume 3, de John Taylor, Transaction Publishers, 2011. Traduit de l’anglais par René Leroux.)
→ (sur remue.net)
Laurence Werner David | La couturière de Dieppe, lu par Dominique Reymond
→ (sur remue.net)
L’œil diffracté de Laurence Werner David, par Patrick Chatelier





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Commentaires

  1. Avatar de Martine
    Martine

    C’est d’une beauté, c’est à dire, j’en reste bouche bée, c’est très musical et profond à la fois, un nuancier de sentiments me happe…….et quand on a fini de lire ce poème, on veut le relire, comme pour se persuader de la pureté de son mystère et de sa vérité.
    Bravo à l’auteure, et merci à la « Veilleuse des terres… »

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