Erich Fried | Das richtige Wort

« Poésie d’un jour  »
choisie par Chantal Tanet



Trois nus au crayon par  Maristelle
Ph., G.AdC






DAS RICHTIGE WORT



Nicht Schlafen mit dir
nein: Wachsein mit dir
ist das Wort
das die Küsse küssen kommt
und das das Streicheln streichelt

und das unser Einatmen atmet
aus deinem Schoß
und aus deinen Achselhöhlen
in meinen Mund
und aus meinem Mund
und aus meinem Haar
zwischen deine Lippen

und das uns die Sprache gibt
Von dir für mich
und von mir für dich
eines dem anderen verständlicher
als alles

Wachsein mit dir
das ist die endliche Nähe
das Sichineinanderfügen
der endlosen Hoffnungen
durch das wir einander kennen

Wachsein mit dir
und dann
Einschlafen mit dir




Erich Fried, Es ist was es ist, Berlin, Verlag Klaus Wagenbach, 1983 ; rééd., 2005, page 36.







LE MOT JUSTE



Non pas dormir avec toi
non : veiller avec toi
est le mot
qui vient embrasser les baisers
et qui caresse les caresses

et qui respire ce qui vient
de ton ventre
et du creux de ton aisselle
jusque dans ma bouche
et de ma bouche
et de mes cheveux
entre tes lèvres

et qui nous donne la langue
pour aller de toi à moi
et de moi à toi
ce quelque chose plus intelligible à l’autre
que tout

Veiller avec toi
c’est la proximité attendue
l’emboîtement intime
des espérances infinies
par lequel nous nous connaissons

Veiller avec toi
et puis
s’endormir avec toi



Traduit de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann.






NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE


(établie par Chantal Tanet)


    Né à Vienne (Autriche) le 6 mai 1921 de parents juifs, Erich Fried quitte l’Autriche après l’Anschluss en 1938 et s’exile à Londres, collaborant notamment au service allemand de la BBC. Profondément marqué par le spectre du nazisme et par la condition juive ― son père est mort lors d’un interrogatoire par la Gestapo ―, Fried incarne en Allemagne, à partir des années 1950, la figure de l’écrivain engagé, au service d’une conscience politique toujours tenue en éveil (guerre du Vietmam, Israël).
    Aux côtés d’écrivains comme Ingeborg Bachmann, Heinrich Böll, Peter Weiss, Martin Walser ou Paul Celan, il a fait partie du Groupe 47, initié par Hans Werner Richter en 1947 dans le but de nettoyer la langue allemande des séquelles du nazisme, en prônant une écriture dépouillée.
    L’œuvre d’Erich Fried porte la marque claire de cette démarche et se caractérise par la dimension ludique du travail d’écriture. Il est l’auteur de quelques romans (Les Enfants et les Fous, Le Soldat et la Fille), mais surtout d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Ce sont eux qui lui ont assuré une grande popularité en Allemagne, notamment Cent poèmes sans frontière, lauréat du Prix International des Éditeurs en 1977, et plus encore ses Liebesgedichte (Poèmes d’amour) en 1979. Certains poèmes comme Was es ist (Ce que c’est) sont devenus des « classiques » de la littérature allemande des années 1980. Erich Fried est aussi un grand traducteur de l’anglais, en particulier de Shakespeare, Dylan Thomas, T.S. Eliot, Sylvia Plath.
    Le prix Georg Büchner lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre en 1987, un an avant sa mort (22 novembre 1988) à Baden-Baden.



Bibliographie en français


Le Soldat et la Fille, traduit par Robert Rovoni, Gallimard, Collection Du monde entier, 1962 (rééd. Gallimard, Collection L’Étrangère, 1992).
Les Enfants et les Fous, traduit par Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1968.
Cent poèmes sans frontière, traduit par Dagmar et Georges Daillant, Christian Bourgois, 1978.
La Démesure de toutes choses, traduit par Pierre Furlan, Actes Sud, 1984.



Bibliographie sélective en allemand


1944, Deutschland
1945, Österreich
1960, Ein Soldat und ein Mädchen
1965, Kinder und Narren
1966, und Vietnam und
1967, Anfechtungen
1968, Zeitfragen
1972, Die Freiheit den Mund aufzumachen
1974, Höre, Israel !
1978, 100 Gedichte ohne Vaterland
1979, Liebesgedichte
1981, Zur Zeit und zur Unzeit
1982, Das Unmaß aller Dinge
1983, Es ist was es ist
1985, Von Bis nach Seit
1987, Gegen das Vergessen
1988, Unverwundenes





ERICH  FRIED


Erich Fried 2
Source



■ Erich Fried
sur Terres de femmes

Une sorte de poème d’amour (un poème issu du même recueil)


■ Voir/écouter aussi ▼

→ (sur Les Carnets d’Eucharis, le site de Nathalie Riera)
un choix de poèmes issus du même recueil et traduits de l’allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann
→ (sur Droit de cités, le site de Philippe Beck)
un choix de poèmes issus du même recueil
→ (sur Littérature de partout, le blog de Tristan Hordé)
un autre poème issu du même recueil
le site officiel Erich Fried de Verlag Klaus Wagenbach



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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Quelle douceur…

  2. Avatar de sylvie durbec
    sylvie durbec

    Beau!
    De qui sont les superbes dessins?
    SD

  3. Avatar de Guidu

    => @Sylvie Durbec :

    Les dessins sont de Maristelle (claudia-dra[at]uol.com.br), une de mes amies, artiste brésilienne, qui n’est plus sur la toile !

    http://www.exibart.com/profilo/index.asp/nickname/maristelle
    http://www.exibart.com/forum/profilo.asp?email=claudiadra@uol.com.br
    Amicizia
    Guidu___

  4. Avatar de Martine
    Martine

    Très beau, tant en allemand qu’en français…
    Veiller avec nous, peut-être pas si sensuellement toujours:), là j’extrapole, mais… veiller avec nous, faire attention à la présence des uns et des autres, avoir des précautions les uns pour les autres, veiller au respect, aux mouvements, aux paroles de nous… oui, j’extrapole, mais c’est ce que ce poème a évoqué en moi… Belle journée…

  5. Avatar de christiane
    christiane

    Du même compositeur et musicien :
    http://www.youtube.com/watch?v=Q_6epNGcdhc&feature=fvw
    La musique que vous avez choisie… il me semble entendre le chofar des grandes solitudes…
    Des dessins si purs, un poème bouleversant, ces deux langues, l’histoire d’Erich Fried… Il se passe ici comme un voyage initiatique qui conduit de la mer aux étoiles… en passant par la douleur et la douceur mêlées.

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