Kiki Dimoula | Temps allongé

« Poésie d’un jour »


Comme un serment pi-tin-
Ph., G.AdC








ΑΝΑΣΚΕΛΟΣ ΧΡΟΝΟΣ



Χαμομηλάϰι ϰαὶ γρασίδι
στὰ μέσα ϰαὶ στὰ ἔξω χώματα
χλόη χαιρετιστιϰὴ
χρησμòς ἐξαπλώσεως
πρασινομαντεία.
Μεγάλη ἡ προσφορὰ τῆς ἀνανθίσεως
ϰαὶ μοιάζει εὔϰολη ὑπόθεση
τò τύλιγμα τῆς γύμνιας.
Τί πανιϰò ἡ τόση ἄνθιση
μή ϰαὶ δέν βρεῖ στὰ δέντρα θέση.
Xαμομήλια, γρασίδι ϰι ἀγριολούλουδα
ρηχή μαλαϰωσιὰ σὰν τοῦ βελούδου
ϰαὶ τοῦ ὅρϰου — μὴν πατᾶτε τοὺς ὅρϰους.

Тεράστια ϰύματα ἀγρῶν
ἔρχονται ἀπò τὰ βάθη τῆς ὑπαίθρου
βουλιάζουν ϰρινάϰια
λεμονανθοὶ ἀναφαίνονται,
μοναχοανθοί,
παλμώδης διάπλους Ἀπριλίου.
Τὸ ϰόϰϰινο τῆς παπαρούνας
φάρος ποὺ ἀναβοσβήνει.
Tεράστια ϰύματα ἀγρῶν
ἔρχονται ἀπὸ τὰ πελάγη τῆς ὑπαίθρου.
Κι ἀπò τὰ βάθη τοῦ ϰαιροῦ ἔρχονται
ϰαὶ σϰᾶνε χαμομήλια, γρασίδι, μοναχοανθοὶ
στὰ συρτάρια μου, ἀγριολούλουδα
στ’ἀγριοσυρτάρια μου.
Xαρὰ θεοῦ τὰ ϰλειδωμένα ἐϰεῖ μέσα πράγματα
ἀνταλλαγμένα, ἀνταλλάγματα ϰι ἀλλαγμένα
θυμητικῶν φτεροϰοπήματα
σύρσιμο προσφωνήσεων ἐϰεῖ μέσα
ψίθυροι ψίθυροι: ψιμύθια τῆς σιωπῆς
τῆς ἀγριοσιωπῆς,
μαῦρο βλαστάρι ἡ μελάνη
τῶν γραμμένων, τῶν ξεγραμμένων, τῶν γραφτῶν
τῶν ἀγριογραφτῶν.
Χρονολογίες μαϰροπρόσωπες
ποὺ νήστεψαν τò μέλλον ϰι ἅγιασαν
πετᾶν τὰ ράσα τους
ϰι ἀνθίζουν ἐγϰόσμιο ἀνάσϰελο χρόνο,
χρόνο ἀγριολούλουδο
ἀγριοσυρταριῶν.

Τετράπαχο γρασίδι στὰ συρτάρια μου
ρηχὴ μαλαϰωσιὰ σὰν τοῦ βελούδου
καὶ τοῦ πατημένου ὅρϰου
καὶ ρίχνει ϰάτι ξάπλες
μὰ ϰάτι ξάπλες ἡ φωτογραφία σου.




Κική Δημουλά, Το τελευταίο σώμα μου, Ποιητική Συλλογή, ἐκδόσεις Κείμενα, Ἀθήνα, 1981.






TEMPS ALLONGÉ



Herbe et camomille
sur la terre du dedans du dehors
verdure salutatoire
oracle qui étale
prophétie verte.
Une offre de choix cette refloraison
et cela paraît facile
d’envelopper la nudité.
Quelle panique cette poussée de fleurs
pour se trouver une place dans les arbres.
Herbe, camomille, fleurs sauvages
douceur sans profondeur comme du velours
ou un serment — ne pas piétiner.

D’énormes vagues de prairies
arrivent des campagnes profondes
les lis plongent
les fleurs de citronnier réapparaissent,
fleurs uniques,
vibrante traversée d’Avril.
Le rouge des coquelicots
phare qui clignote.
D’énormes vagues de prairies
arrivent du large des campagnes.
Arrivent aussi des profondeurs du temps
herbe, camomille et fleurs uniques pour éclore
dans mes tiroirs, fleurs sauvages
dans mes tiroirs sauvages.
Une merveille les choses enfermées là-dedans
échangées, à échanger, changées
battements d’ailes de mémoire
apostrophes là-dedans traînantes
chuchotis chuchotements : masques du silence
du silence sauvage,
et pousse noire de l’encre
des écrits, des désécrits, des réécrits
des écrits sauvages.
Des chronologies à longue figure
jeûneuses d’avenir devenues saintes
jettent la bure aux orties
et font fleurir un temps profane allongé,
temps fleur sauvage
des tiroirs sauvages.

Herbe grasse dans mes tiroirs
douceur sans profondeur comme du velours
ou comme un serment piétiné
et je vois qui se délasse et se prélasse
ta photo.




Kiki Dimoula, Mon dernier corps, Arfuyen, 2010, pp. 75-77. Traduit du grec par Michel Volkovitch.





Kiki Dimoula Arfuyen




__________________________________
Note d’AP : ce poème a aussi été choisi par Eglal Errera pour l’anthologie Les Poètes de la Méditerranée (pp. 36-39), publiée en novembre 2010 par Poésie/Gallimard et Culturesfrance avec le soutien de Marseille Provence 2013 et du Conseil Culturel de l’Union pour la Méditerranée.





KIKI DIMOULA (1931-2020)


Kiki_dimoula-2
Source





■ Kiki Dimoula
sur Terres de femmes


Autoconservation (poème extrait du Peu du monde)
La pierre périphrase (autre poème extrait du Peu du monde)




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur le site des éditions Arfuyen)
les pages consacrées à Kiki Dimoula
→ (sur le site de Michel Volkovitch)
d’autres poèmes de Kiki Dimoula
→ (sur Poetry International)
dix poèmes de Kiki Dimoula
→ (sur Exigence : Littérature)
un article de Françoise Urban-Menninger sur Mon dernier corps de Kiki Dimoula
→ (sur Lumière des jours, le blog de Jacques Ancet)
un article de Jacques Ancet (« Tristesse de fond ») sur la poésie de Kiki Dimoula
→ (sur YouTube)
Kiki Dimoula lisant Φωτογραφία 1948. Pour lire la traduction cliquer ICI
→ (sur le site du Σπουδαστήριο Νέου Ελληνισμού/Center for Neo-Hellenic Studies)
trois poèmes de Kiki Dimoula (dont Ο πληθυντικός αριθμός) dits par elle-même
→ (sur YouTube)
Ο πληθυντικός αριθμός, de Kiki Dimoula, dit et interprété par Τάνια Τσανακλίδου. Pour lire la traduction, cliquer ICI
→ (sur books.google.fr)
Anthologie de Kiki Dimoula, par Eurydice Trichon-Milsani



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Commentaires

  1. Avatar de Martine
    Martine

    Qu’est ce que c’est beau, cette écriture grecque; c’est bien de mettre en avant visuellement aussi les deux langues, cela donne de la profondeur, en particulier à ce poème-ci de texture quasi hiéroglyphique. Très touchant……..Bises…….

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