Fabienne Raphoz | Procellariiformes

« Poésie d’un jour »



ALBATROS  ... (1)
Image, G.AdC







PROCELLARIIFORMES



(Diomédéidés)
Les Albatros sont compagnons d’Ulysse
Les Albatros sont des moutons de mer

Mais ses ailes de géant


parut un Albatros
l’Albatros nous suivit
cet Albatros je l’abattis
mais

si la brise soufflait
c’était grâce à Lui
:
― de Toi j’ai peur
ô vieux marin !


(hommage au Dit du Vieux Marin)


L’envergure record de l’Albatros hurleur
Le bec Kill Bill de l’Albatros de Buller
L’Albatros hurleur vit en exil
L’Albatros hurleur est un Wanderer
L’Albatros hurleur hurle aussi en italien


Un Albatros de Laysan ne mit que 32 jours pour retrouver son
nid de l’île de Midway dans le Pacifique, alors qu’il avait
été lâché dans les Philippines.


L’Albatros à cape blanche est dit prudent
L’Albatros à cape blanche est dit timide
L’Albatros à cape blanche est l’ami des marins


Melville raconte :
« Je me souviens du premier albatros que j’ai vu.
C’était au cours d’un voyage qui n’en finissait plus, près des mers
antarctiques. De mon quart du matin en bas, j’étais monté sur
le pont assombri, et là, plaqué contre l’écoutille principale, je vis
une chose royale et emplumée, d’une blancheur intacte, avec
un bec courbe, romain, sublime. De temps à autre, elle voûtait ses
ailes d’archange comme pour enlacer une arche sainte.
Des trémoussements et des battements extraordinaires
la secouaient. Bien que physiquement indemne, elle poussait des
cris, comme l’ombre d’un roi en surnaturelle détresse.
À travers ses inexpressifs, ses étranges yeux, je pensais atteindre
des secrets concernant Dieu. »



L’Albatros brun sourit tout le temps
L’Albatros d’Amsterdam l’Albatros à nez jaune l’Albatros à sourcils noirs l’Albatros à pieds noirs l’Albatros de Buller l’Albatros des Chatham l’Albatros à tête grise l’Albatros de Laysan l’Albatros fuligineux l’Albatros de Salvin l’Albatros à queue courte l’Albatros à queue blanche l’albatros brun l’Albatros royal l’Albatros hurleur des Galapagos : tous les albatros sont vulnérables, en danger ou bientôt menacés




Fabienne Raphoz, Jeux d’oiseaux dans un ciel vide    augures, Éditions Héros-Limite, Genève, 2011, pp. 26-27.




FABIENNE RAPHOZ

PORTRAIT DE FABIENNE RAPHOZ
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    Fabienne Raphoz dirige, avec Bertrand Fillaudeau, les éditions José Corti. Elle a notamment publié : Les Femmes de Barbe-bleue, une histoire de curieuse, Métropolis, Genève, 1995 ; Poussière du ciel, édition Filigranes, 1997 ; Des belles et des bêtes, Corti, 2003 ; Pendant 1-62, éditions Héros-Limite, Genève, 2005, L’Aile bleue des contes : l’oiseau, Corti, 2009, Blanche baleine, éditions Héros-Limite, 2017 et Parce que l’oiseau, Corti, 2018.



■ Fabienne Raphoz
sur Terres de femmes

Géologie (extrait de Blanche baleine)
« Leçons semblables aux oiseaux » (note de lecture d’AP sur Jeux d’oiseaux dans un ciel vide)
Parce que l’oiseau (note de lecture d’AP)
Terre sentinelle (note de lecture d’AP)
[Qui voit ?] (extrait de Terre sentinelle)



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Commentaires

  1. Avatar de busard

    Flap … encore une histoire d’oiseau … ailes et elles !!!

  2. Avatar de christiane
    christiane

    Etrange, busard, votre commentaire… Je ne sais comment répertorier ce texte et ce livre mais, pour moi, ce n’est pas « encore une histoire d’oiseau ». Ces grands voiliers si beaux quand ils se laissent porter par les vents marins, il ne m’est pas indifférent que leur espèce soit menacée, comme celles de tous ces oiseaux qui vivent de la mer et nidifient sur des îles désertes. Je me souviens de la douleur ressentie en découvrant des reportages où ils étaient englués dans des nappes de pétrole.
    C’est une femme qui écrit, oui, mais ce qu’elle nous offre ici est une mémoire fragile qui appartient à toute l’humanité.

  3. Avatar de busard

    Flap … Christine … je viens de temps en temps me poser en Terres de femmes et cela depuis quelques années à présent et ce qui est pour moi étrange est d’y trouver presque à chaque fois une histoire d’oiseau, d’où mon commentaire pas du tout négatif mais interrogatif, lié à ma condition d’oiseau netique épigloptaire.

    busardement

  4. Avatar de christiane
    christiane

    C’est très drôle votre retour, ici, busard. Merci. Oui, les oiseaux occupent ici une belle place. Rappels du large pour pour celle qui habite l’île. Mais aussi solitude des tours et des montagnes pour les busards… Fragments de ciel arrachés à l’encre pour dire toute la mémoire des mots interrompus. Comme du silence. Une sensation de paysage, de visage effleuré quand ils se posent sur la page…

  5. Avatar de busard

    Flap … entre le vol et les mots portés par le vent de l’inspiration, il n’y a que la sensation de la liberté… les busards comme les goélands s’enivrent de sensations !

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