Camille Loivier | Ombre d’un seul nuage

« Poésie d’un jour »



Sakura cerisier en japonais
Image, G.AdC







OMBRE D’UN SEUL NUAGE



Quand les deux cerisiers se touchent
ils font de tout le regard un blanc
cela ne dure pas au printemps

un jour tout leur poids s’écroule
et les beaux pétales se resserrent
autour d’un goût de sel dans la bouche

au début de l’été
dans le voyage à Tôkyô
il fait déjà chaud

sensation qui fermente
de l’eau aux fleurs de cerisier salées

leurs feuillages donnent une ombre tendre
particulière aux cerisaies
ce que l’on ne sait jamais des autres
se referme avec le temps

Motoori Norinaga
attentif aux fleurs
a su passer un peigne à poux
― fines dents serrées pour saisir ―
dans le Genji aux indémêlables nœuds d’amour
tout commence avec les saisons
et les fruits cueillis sur l’arbre
au passage des oiseaux
le noyau reste accroché
dans la bouche

le halo entoure les cerisiers sauvages
petits et touffus

ombre d’un seul nuage.




Camille Loivier, Poésies métisses in Enclose, Tarabuste Éditeur, 2011, pp. 90-91.




CAMILLE LOIVIER


CAMILLE LOIVIER




■ Camille Loivier
sur Terres de femmes

Il est nuit (note de lecture de Georges Guillain)



■ Voir aussi ▼

→ (sur le site la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
une notice bio-bibliographique sur Camille Loivier





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Vous lisant, Camille Loivier, en ces neiges de cerisier, me revient une pensée de Roger Munier :
    « Par sa douceur, son écart, son rêve obstiné, la femme est une enfance qui n’en finit pas. »

    Les Eaux profondes, éd. Arfuyen, page 145.

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