Mario Luzi | Stupore d’ultramattutina luce

« Poésie d’un jour »



Stupeur de lumière...
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[STUPORE D’ULTRAMATTUTINA LUCE]



Stupore d’ultramattutina luce –
                        da che
                                    sonno o letargo
                                                                     suo
                         o della specie
                                                 era,
                         se era, quel risveglio ?
niente, non si capacita il piscante.
                         Deserto
gli frammischia il fiume
acqua e fuoco, gioca
col sole il suo barbaglio
ambigua la corrente.
                                    Emerge
lui disorientato,
                                     affonda,
                                     diguazza
in quel baluginio
                                     per tutta l’ansa.
                                                                  C’è ―
gli passa sulle scaglie un moto ―
è appena percettibile ma c’è
in quelle acque impacciate
e in quella incandescenza
un moto verso dove ? Dove corre
il moto ? Il moto a se medesimo,
ci avverte, pari al tempo. Tutto cambia,
Tutto è fermo nella doppiezza del suo senso.




Mario Luzi, Carovana in Viaggio terrestre e celeste di Simone Martini [1994], Tutte le poesie, volume secondo, Garzanti Editore, Gli Elefanti, 2005, pp. 1031-1032.







Pistoia luce
Ph. angèlepaoli






[STUPEUR DE LUMIÈRE ULTRAMATINALE]



Stupeur de lumière ultra-matinale ―
                de quel
                              sommeil ou léthargie,
                                                                     de lui
                ou de l’espèce,
                                         était né,
                s’il l’était, ce réveil ?
Rien, le poisson ne comprend pas.
                    Désert
le fleuve entremêlé pour lui
l’eau et le feu, ambigu
le courant joue
son reflet dans le soleil.
                                           Lui, il émerge
désorienté,
                    s’enfonce,
                    barbote
dans cette lueur
                             tout au long du méandre.
                                                                          Il y a ―
un mouvement parcourt ses écailles ―
perceptible à peine mais il y a
dans ces eaux lourdes
et cette incandescence
un mouvement vers où ? Où court
le mouvement ? Mouvement vers lui-même,
nous prévient-il, comme le temps. Tout change,
tout est immobile dans la duplicité de son sens.




Mario Luzi, Caravane in Voyage terrestre et céleste de Simone Martini, Éditions Verdier, Collection « Terra d’altri », 1995, page 65. Traduit de l’italien et préfacé par Bernard Simeone.






Où va le mouvement
Ph. angèlepaoli





MARIO LUZI

Ritratto_di_mario_luzi
Image, G.AdC




■ Mario Luzi
sur Terres de femmes


Cahier gothique, VII
Diana, risveglio
Dove l’ombra
En mer
Il pensiero fluttuante della felicità
Nature
Près de la reine de Saba (note de lecture sur Trames de Mario Luzi + extrait)
Primitiales (note de lecture sur Prémices du désert)
Quanta vita
[Vita o sogno ?]





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Le sommeil est un lieu dont nous sortons perdus car nous avons décroché du temps. Et si les poissons dorment, l’eau coule, roule et les porte, étranges, sidérés, vers les hôtes impavides des demeures de lumière… gémellaires.

  2. Avatar de Mahdia Benguesmia
    Mahdia Benguesmia

    Cette poésie qui me dit sans limites et me rend infiniment éparse, plurielle et ouverte dans l’autre aux sons les plus raffinés, ultra sons de l’autre, jusqu’à me sentir extra poète par l’autre, cette poésie, je ne peux la lire que chez toi, dans tes domaines infiniment étendus au mot, chère Angèle.
    Et dire qu’aujourd’hui, par la magie d’un homme, un poète d’une extrême intelligence, nous habitons tous les uns chez les autres ; nos frontières ne le sont plus, nos maisons nous deviennent communes et nous tendons à préférer la toile à la pierre ou au bois.
    Ce blog ouvre mon cœur à des mots qui le pénètrent comme une prière et insuffle à ma main un désir constant de les cueillir dans leur abondance et les mettre à distiller pour en préparer des fragrances toutes savoureuses.

    STUPORE D’ULTRAMATTUTINA LUCE : voilà ce que je reçois en plein regard émerveillé chaque fois que j’ouvre ta page. Cette lumière matinale qui, au-delà des mots du poète, continue de briller chez toi même le soir et me fait passer des après-minuits tout ensoleillés.

    Merci chère amie pour tous ces / tes temps précieux que tu partages avec tes lecteurs sans égard pour un autre temps.

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