Jean-Baptiste Tati Loutard | Nouvelles de ma mère

« Poésie d’un jour »



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NOUVELLES DE MA MÈRE




Je suis maintenant très haut dans l’arbre des saisons ;
En bas je contemple la terre ferme du passé.
Quand les champs s’ouvraient aux semailles,
Avant que le baobab n’épaule quelques oiseaux
Au premier signal du soleil,
Ce sont tes pas qui chantaient autour de moi :
Grains de clochettes rythmant mes ablutions.
Je suis maintenant très haut dans l’arbre des saisons.
Apprends par ce quinzième jour de lune,
Que ce sont les larmes ― jusqu’ici ―
Qui comblent ton absence,
Allègent goutte à goutte ton image
Trop lourde sur ma pupille ;
Le soir sur ma natte je veille toute trempée de toi
Comme si tu m’habitais une seconde fois.


Janvier 1965




Jean-Baptiste Tati Loutard, Poèmes de la mer, C.L.É., Yaoundé, 1968 in Poésie africaine, Anthologie, Six poètes d’Afrique francophone, Éditions Points, 2010, page 119.






JEAN-BAPTISTE TATI LOUTARD


Tati Loutard
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    Né le 15 décembre 1938 à Ngoyo dans la commune de Pointe-Noire (Congo) et décédé le 4 juillet 2009 à Paris, Jean-Baptiste Tati Loutard, un des plus grands poètes de l’Afrique francophone subsaharienne, a publié une dizaine de recueils de poésie et obtenu plusieurs prix littéraires, notamment, en 1987, le « All Africa Okigbo Prize for Poetry ». Auteur de maximes philosophiques et de récits en prose, son œuvre reste principalement constituée d’ouvrages de poésie, parus entre 1968 et 1998, et réunis dans un volume d’Œuvres poétiques en 2007, aux éditions Présence africaine.




■ Voir aussi ▼

→ (sur le site des éditions Présence africaine)
une bio-bibliographie de Jean-Baptiste Tati Loutard
→ (sur Africultures)
une fiche bio-bibliographique sur Jean-Baptiste Tati Loutard




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Commentaires

  1. Avatar de René Chabrière

    mon propre hommage, à ces géants ( les baobas)… avec les « colonnes de mémoire »
    Colonnes de mémoire ( RC)
    1 Vote
    photo perso: racines de baobab à Boungou (B Faso) dec 2011
    Bien au delà de la corde
    Ce morceau d’arc de terre
    Qui tend la distance
    Et nos différences
    J’ai perçu l’inversion du monde
    Comme si la tête en bas
    Mes pieds étaient collés
    Sur le socle du ciel
    Et j’avais à mon appui
    D’immémoriales légendes
    Des arbres sacrés
    Dont les racines buvaient
    Le ciel, et supportaient
    Le monde de leurs pattes épaisses
    Que le poids des siècles
    Avaient plissé de mémoire
    Enfouissant en profondeur
    Au cœur de la sève fibreuse
    Le passé douloureux d’une
    Afrique à l’avenir incertain.
    R Ch 09-01-2012

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