Lionel Jung-Allégret | [J’ai vu les grandes digues au loin]

« Poésie d’un jour »



Des projets d'acier dépliés devant l'abîme
« Des projets d’acier dépliés devant l’abîme  »
Ph., G.AdC







[J’AI VU LES GRANDES DIGUES AU LOIN]



J’ai vu les grandes digues au loin
Bâties contre l’assaut du temps

Leurs démesures
Brisées par l’ondulante beauté du sel

Des ambitions
Et des rochers gravés jusque dans les cimes

Réduits à une vieillesse lente de galet



Je vois aujourd’hui des hommes creuser la mer
Et retourner la terre

Des projets d’acier dépliés devant l’abîme

Des fumées noires qui s’élèvent
Au-dessus des torses nus

Et des villes fulgurantes ravagées de trous




C’est ainsi

L’oubli
Après l’usure



Qui voudra cette douceur
Qui ne polit que des cailloux




Lionel Jung-Allégret, Écorces, Cahiers littéraires internationaux Phœnix, 2011 ; édition révisée Al Manar | Éditions Alain Gorius, avril 2012, pp. 54-55. Dessins de Philippe Hélénon.





Lionel Jung-Allégret, Ecorces





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NOTE : Écorces a reçu le Prix Léon-Gabriel Gros 2011, décerné par la Revue Phœnix. Un second livre de Lionel Jung-Allégret, Clarté de la nuit sur un arbre rouge, a été publié en 2012 chez Al Manar | Éditions Alain Gorius en collaboration avec le peintre Philippe Hélénon (édition originale typographiée au plomb sur Rives d’Arches. Tirage à 30 exemplaires, dont 4 H.C., au format 28 x 20 cm ; trois peintures originales dont une en double page intérieure).





LIONEL  JUNG-ALLÉGRET


Lionel_jung-allegret




■ Lionel Jung-Allégret
sur Terres de femmes

[Écris ce que tu sais] (poème extrait de Ce dont il ne reste rien)
[Derrière la porte ouverte] (poème extrait de Derrière la porte ouverte)
Derrière la porte ouverte (lecture d’Isabelle Lévesque)
[Je regarde l’arbre dressé] (autre poème extrait d’Écorces)
Parallaxes (lecture d’Angèle Paoli)
[Il restait dans la lumière des grandes voiles affalées] (poème extrait de Parallaxes)
Un instant appuyé contre le vent (lecture d’Angèle Paoli)
[Je suis celui qui cherche des secrets] (poème extrait d’Un instant appuyé contre le vent)



■ Voir aussi ▼

→ (sur enjambées fauves)
un autre poème de Lionel Jung-Allégret, extrait d’Écorces
→ (sur le site de la revue Phœnix)
une note biographique sur Lionel Jung-Allégret
→ (dans le n° 13 de la revue littéraire & artistique temporel)
une note de lecture de Nelly Carnet sur le recueil Écorces






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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Lionel Jung-Allégret… C’est le deuxième de ses poèmes que nous offre Terres de Femmes et j’éprouve la même empathie à le lire : la grande fatigue de la terre… jusqu’à ses roches qui, hier, plantaient leur sauvagerie intacte dans la douceur de sel… Et puis les digues et pour ce faire les explosifs, les marteaux-piqueurs, les pelleteuses… Et les roches éventrées, les arbres arrachés et ce béton et ces ferrailles qui agressent la terre et le cœur. Ce témoin inquiet, voire désespéré, écrit pour crier une blessure inguérissable. Juste un petit caillou mémoire dans l’encre bleue des maux dits…

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