Pierre Reverdy | Sur la mer le lever du jour

« Poésie d’un jour »



Contre la rangée d'arbres Les vagues remuent tout le temps COLLAGE
Ph., G.AdC







SUR LA MER LE LEVER DU JOUR



Le jour émerge à l’horizon comme un nageur
tirant sa coupe
À travers la mousse des vagues
Et la crête des dunes délayées
L’aube avance à travers les détours
Les mains de lumière en cadence
gagnent l’espace tout autour
Sur la tête de l’homme
Et celle du poisson
Entre ces deux couleurs qui maintenant se joignent
L’air est limpide et lourd
L’eau est mouvante et molle
La forme de la main se perd
dans la mer et dans l’herbe folle
Sur le même pli de terrain
la tête éclate au jour
Sous le bâtiment neuf mal soudé à l’amarre
Son flanc gonflé d’espoir et de vent
Contre la rangée d’arbres
Les vagues remuent tout le temps
Les branches pressées s’interpellent
Un point se meut sur l’eau
Comme cette hirondelle
qui s’est piquée plus haut
Et dans un coin de cendre laissée par le soleil
La fenêtre mal dessinée au bord du ciel




Pierre Reverdy, Sources du vent [1929], précédé de La Balle au bond, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1971, pp. 131-132. Préface de Michel Deguy.





PIERRE REVERDY


Reverdy
Ph., G.AdC



■ Pierre Reverdy
sur Terres de femmes


Les Ardoises du toit (deux poèmes extraits du recueil)
Le bonheur des mots (poème extrait de La Liberté des mers)
Ciel étoilé (poème extrait des Ardoises du toit)
Heure
11 septembre 1889 | Naissance de Pierre Reverdy (poème + notice bio-bibliographique)
15 mars 1918 | Pierre Reverdy, Les Ardoises du toit
17 juin 1960 | Mort de Pierre Reverdy (poème + notice bio-bibliographique)



■ Voir aussi ▼

→ (sur le site du cipM, centre international de poésie Marseille) la
fiche bio-bibliographique consacrée à Pierre Reverdy
la page Pierre Reverdy du blog La Lucarne





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Une fine exploration de la poésie de Reverdy dans Esprits Nomades.

    Ici, dans ces lignes, cette impression diffuse d’une perte comme ce nageur de l’aube qui s’efface dans un coin de cendre laissée par le soleil. Étrange façon d’accueillir la fin de la nuit en se noyant dans l’obscurité du jour…

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