Benjamin Péret | L’ardeur désespérée

« Poésie d’un jour »






Weston HR
« O soupirs insectes d’avenir »
Edward Weston, Nude, 1934.
Print from the Cole Weston Trust.
© 1981 Center for Creative Photography,
Arizona Board of Regents, Tucson
Source







L’ARDEUR DÉSESPÉRÉE



Si le vent le permet
le désespoir ravagera les contrées saines
voisines de l’arc-en-ciel et du pôle de soie
la contrée où les visions des hyménoptères se concrétisent
où l’espoir des uns anime l’ardeur sexuelle des autres
où je passe comme une douleur périodique
qui stimule l’énergie des insectes à carapace de verre

O soupirs insectes d’avenir
je vous attends dans l’ombre que vous connaissez
pour vous confier des secrets qui vous donneront à réfléchir
des secrets si fluides qu’ils couleront entre vos doigts
comme les minutes entre les cuisses d’une jolie femme
et le soleil des insensés
au soleil
à midi



Benjamin Péret, Le Grand Jeu, [1928], Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1969, page 111. Préface de Robert Benayoun.




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NOTE d’AP : la photo d’Edward Weston (ci-dessus) faisait partie de la rétrospective Edward Weston qui s’est tenue du 14 septembre au 9 décembre 2012 à l’ex-Ospedale Sant’Agostino (Largo Porta Sant’Agostino 228) à Modène (Italie). Puis, du 16 décembre 2012 au 17 février 2013, au Centre italien pour l’Art contemporain de Foligno (06034 Italie).









BENJAMIN PÉRET


Benjamin Péret par Man Ray, vers 1930
Man Ray, Portrait de Benjamin Péret,
v. 1930
Source




■ Benjamin Péret
sur Terres de femmes

Dormir dans les pierres



■ Voir aussi ▼

le site de l’Association des amis de Benjamin Péret
→ (sur le site José Corti)
une bio-bibliographie de Benjamin Péret






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Commentaires

  1. Avatar de Guidu
    Guidu

    Des Nus féminins de Marcel Gromaire (1892–1971) un diaporama
    Amicizia
    Guidu ___

  2. Avatar de christiane
    christiane

    Poème sauvage et beau, comme une vie troublée, illogique, sublimant le message d’amour dans une langue inhabituelle. Voué à la voracité des insectes, ce souvenir se meut dans leur sable carnassier.
    Benjamin Péret, à force de fracasser la langue jusqu’à l’endormissement de la raison, a délivré une poésie pure, proche du sortilège, sublime, bouleversante.

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