Moon Chung-hee | Chant de la flèche

« Poésie d’un jour »



On ne compare pas les mots à l’épée mais à la flèche car une fois utilisés, fichée quelque part elle ne revient jamais
Ph., G.AdC







CHANT DE LA FLÈCHE



Chaque fois qu’on me le dit
je pleure toujours un peu
Tu vivras en te servant des mots
plus que de l’eau et du feu
en vérité plus que de l’argent
Alors tu dois ramasser beaucoup de mots
Et puis tu dois les dépenser comme il faut avant ton départ

Cependant on ne compare pas les mots à l’épée
mais à la flèche
car une fois utilisés, fichée quelque part
elle ne revient jamais

L’être vivant parmi les bois épais
de flèches aiguës, dès que fiché en plein cœur
c’est un poison qui pénètre à toute vitesse ou bien
      c’est une flamme

Quand je vois l’amour qui commence par un mot nouveau
comme la première page d’un nouveau livre sacré
je pleure en sanglotant un peu

C’est de mots que tu te serviras avant ton départ
plus que de l’eau et du feu
ou bien de l’argent
car ils sont la plus belle des richesses
Chaque fois qu’on me le dit
oui, vraiment, je pleure un peu



Moon Chung-hee, Celle qui mangeait le riz froid, Éditions Bruno Doucey, 2012, pp. 115-116. Traduit du coréen par Kim Hyun-ja avec la collaboration de Michel Collot. Préface de Michel Collot.





MOON CHUNG-HEE


Moon Chung-hee
Source



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur YouTube)
rencontre avec Moon Chung-hee au Centre culturel coréen (Paris, le 22 mars 2013)
→ (sur Keulmadang | Littérature coréenne n° 19, février 2013)
« Rage et solitude / Moon Chung-hee, poétesse », par Andrea De Benedittis (entretien avec Moon Chung-hee)
→ (sur le site du Printemps des poètes)
« Moon Chung-hee, solitaire et libre », par Vincent Rouillon [PDF]






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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Comme cette méditation humble est essentielle pour cette poète et pour nous. Arc tendu de la parole, flèche des mots déchirant le silence pour délier ce qui ne pouvait dans la racine de l’être. Simplement vivre et écrire… vivre pour écrire…

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