Jean-Louis Giovannoni | Ce que l’immobile tient pour geste

« Poésie d’un jour »



Gilbert Pastor
Gilbert Pastor [Ce que l’immobile tient pour geste]






CE QUE L’IMMOBILE TIENT POUR GESTE (extrait)



Serrer les draps contre ton corps
C’est toucher la matière même
De ce qui en toi
Réclame de l’air.


Va
Vers ce qui ne sait respirer.
Tu saisiras combien ce que tu attends
Est grand


Cet océan
Au bord de l’irrespirable.


Corps
Qui annonce l’ouverture
En se tenant toujours
Dans sa chambre fermée.


Chambre
Où la lumière n’est retenue que par nos corps.


Ne pas bouger
Devient alors une annonce.


La nuit ne dit pas la nuit
Mais ce que le corps
Tient pour lumière.



***



Ne pas bouger
Ne demeurer que dans l’échange
Muet des draps
Des mains
Et de tout ce qui ne sait franchir l’espace
Qu’en demeurant près de nous.


La nuit n’ouvre pas sur la nuit
Mais sur ce qui prend corps
Et se nourrit de cette nuit
Comme d’une lumière.



Jean-Louis Giovannoni, « Ce que l’immobile tient pour geste » in Pastor, Les Apparitions de la matière, Propos2 éditions/Éditions Unes, 2013, s.f. Édition établie par Jean-Pierre Sintive.







Jean-Louis Giovannoni et Gilbert Pastor devant une toile de Gilbert Pastor
Source



JEAN-LOUIS GIOVANNONI


Giovannoni
Ph. © Fabienne Vallin
Source





■ Jean-Louis Giovannoni
sur Terres de femmes


[Ne me laisse pas ici parmi les ombres !] (extrait de L’air cicatrise vite)
[Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
Envisager (lecture de Tristan Hordé)
L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
[Vue imprenable] (extrait de L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare)
Voyages à Saint-Maur (lecture d’AP)
[Huitième voyage à Saint-Maur]
Îles circulaires
[Il faut si peu de chose]
Issue de retour (lecture d’Isabelle Lévesque)
Issue de retour (lecture d’AP)
[Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
[Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
Mère
[Notre voix] (extrait de Ce lieu que les pierres regardent)
[Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
[Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
Sous le seuil (lecture d’AP)
[toujours cette envie de t’ouvrir]
[Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
[Troisième voyage à Saint-Maur]
Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (lecture d’AP)
Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (lecture d’AP)




■ Voir aussi ▼


→ (sur Terres de femmes)
3 février 1984 | Lettre de Raphaële George à Jean-Louis Giovannoni (+ La Main de Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni)
→ (dans les numéros 19-20, « Utopie » [Espace Corse] de la revue numérique québécoise Mouvances)
deux poèmes inédits de Jean-Louis Giovannoni, traduits en corse par Jacques Fusina




■ Voir aussi ▼

→ (sur Secousse-08)
un entretien de Jean-Louis Giovannoni avec Anne Segal & Gérard Cartier (novembre 2012)
une vidéo sur le peintre Gilbert Pastor



Pastor, Les Apparitions de la matière







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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Lire le poème. Regarder la vidéo. Écouter J-L Giovannoni dans ses mots écrits. Écouter G.Pastor dans le peu de mots du tête-à-tête avec ses toiles ses dessins. Quoi les lie ? Un silence fécond, une certaine rigueur, une gravité. Une immobilité aussi. Ils se nouent à l’acte. L’un (J-L.G) prenant essor dans l’immobilité des toiles de l’autre (G.P). Comme si le poète était dans la main du peintre, sans hâte, là où s’est dit ce qui arrêta le geste nécessaire. Le peintre tend vers l’immobile. Le poète saisit l’immobile de la substance et entre dans son dépli pour éveiller son éblouissement. Comme avec M.Trivier, une passerelle de l’un à l’autre pour aborder ce monde de concentration. Ils se comprennent et s’entendent, luttent aussi. Reflets. Une toile, une feuille, deux mains maçonnent. Voir, le crayon ou le pinceau à la main.

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